Un hurlement de justice !
Counters est un documentaire impertinent et survoleté qui plonge au coeur des mouvements radicaux au Japon.
Décalé et drôle, ce documentaire apporte une approche qui plonge directement dans le sentiment plutôt que dans la distance des faits. Si d'aucun dirait qu'il est un peu trop partisan, il me semble, à l'inverse, qu'il porte un étendard bien plus distancié qu'il n'y parait. Car en effet, les choix de réalisation tant sur le ton, le montage, l'habillage pousse à croire que le film est plein de parti pris - qu'il a sans doute. Mais ces parti pris s'expriment sur la forme moins que sur le discours et celui-ci suinte de justice. Lee Il-Ha semble avoir tant tenu a guarder la distance si bien que le sujet du film oscille facilement d'un groupe à l'autre. Parfois on en oublie que le sujet du film sont bien ces counters qui s'opposent aux mouvements discriminants. Pourtant les discours des deux bords sont à part égale entendue jusqu'à la clôture du film par lequel le réalisateur laisse un puissant message à ses compatriotes.
Centré sur la question des mouvements discriminants, le film présente trois facettes de la société japonaises :
- la violence verbale des manifestants d'extrème droite prétextant sous le juste argument de la libre expression de ce droit à l'insulte.
- la violence physique des "antifa" qui estiment que seule la terreur fera taire les premiers.
- la violence institutionnelle de la société au travers de la police et du cadre légal.
On en ressort avec les trippes vibrantes d'un sentiment d'aboutissement. Car c'est tout l'art des documentaires coréens, et du cinéma asiatique de l'Est que de savoir traiter des pires sujets et nous présenter les pires facettes humaines tout en nous en laissant toujours un arrière goût d'espoir et de fierté. 5ème films du réalisateur Lee Il Ha, Counters ne déroge pas à la règle. Il va même plus loin avec des personnages "mangatesque". L'animation de l'appareil photo du manifestant-reporters se changeant en robot de justice résume assez bien l'ambiance du film. Cette teinte subversive qui en dérangera plus d'un n'est pas sans rappeler le documentaire punk "No Money, No Future" de Lee Dongwoo.
Un bon morceau du Japon comme on l'ignore trop en Europe exubérant, juste et combatif.
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