Et une comédie romantique new-yorkaise de plus,on s'en lasse pas!Celle-ci racle le fond du caniveau,amalgamant de manière improbable le vaudeville bas de gamme et le mélo sirupeux d'une mièvrerie à se chier dessus.Les deux premières scènes sont éloquentes quant à ce qui va suivre.On commence par une séquence émotion avec Marisa,courageuse mère plaquée par son mari,qui emmène son fils chiant à l'école.Vient ensuite la séquence "drôle",la jeune femme arrivant dans l'hôtel où elle travaille et se mettant à échanger un assortiment de plaisanteries au ras de la moquette avec ses collègues enjoués.Le noeud de l'affaire sera un quiproquo qui ferait honte aux pires heures d'"Au théâtre ce soir",Marisa rencontrant Chris,candidat au Sénat,qui la prend pour une cliente de l'hôtel et tombe immédiatement amoureux d'elle.Le reste du film se perdra en un filandreux jeu de cache-cache,Marisa s'ingéniant à dissimuler sa condition au politicien qui la poursuit de ses assiduités,le tout se terminant dans le happy-end nauséeux qu'on a anticipé depuis le début.Nous aurons ainsi le plaisir d'assister à un paquet de scènes grotesques que n'auraient pas osé les pires auteurs du boulevard,Marisa se planquant de manière ridicule derrière des personnes,des coins de murs ou des objets divers,les gens qu'elle veut éviter étant bien les seuls à ne pas la voir ou la reconnaître.Curiosité,le prince charmant est un politicien Républicain.Le gars est simple,sympa,gentil,et il est Républicain?Ca entre dans la doxa hollywoodienne?Rassurez-vous,en fait le mec ne s'intéresse nullement à la politique.Il est là parce que son père y était avant lui et que son entourage le coache à mort mais lui,ce qu'il aime,c'est promener son chien et aller au zoo.D'ailleurs,il se fout comme d'une guigne de son éventuelle élection,sa seule préoccupation étant de coincer la belle femme de chambre dans une alcôve.Bref,le mec est un parfait crétin,ce qui explique son allégeance politique.Il est certain que ce genre d'individu n'existe pas chez les Démocrates,gens sérieux et responsables à qui il ne viendrait pas à l'idée de culbuter une secrétaire dans le bureau ovale.Et puis c'est mieux pour la démonstration d'avoir un Républicain,car le film,outre sa nullité crasse et son invraisemblable connerie,se veut également moraliste et social.Du coup,le politicard,qui ne connait rien aux problèmes des vrais gens,va se faire remonter les bretelles par sa dulcinée,qui elle est une authentique prolétaire.Ah que c'est beau quand les friqués de Beverly Hills font dans la lutte des classes!Cette variation sur le thème de "Pretty woman",film lui-même inspiré de "Cendrillon",est victime de l'écoulement de matière grise de ses scénaristes,qui s'apparente à un relâchement de leurs sphincters.Nous sommes donc dans un luxueux palace,où le service est impeccable et la discipline des employés rigide,ce qui n'empêche nullement Marisa,simple bonniche dans l'établissement,d'en prendre à son aise.Elle amène son gogol de gamin au boulot,se balade partout dans le bâtiment,y compris là où elle n'a en principe rien à faire,essaie les vêtements griffés des riches clientes,tout ceci au nez et à la barbe de sa hiérarchie et avec l'active complicité de ses collègues,qui tous sans exception l'adorent.La propagande socialo du film se mord d'ailleurs la queue en présentant les salariés de l'hôtel comme de parfaits débiles dont on n'est guère étonnés qu'ils ne puissent rien occuper d'autre que des emplois subalternes.L'éternel mépris de la gauche bourgeoise pour le petit peuple qu'elle prétend défendre.On peut se demander si l'histoire de Marisa n'est pas une métaphore de celle de son interprète.Jennifer Lopez est en effet une latina du Bronx qui a réussi en devenant une star du showbiz.A la tête d'un casting de ringards qui jouent comme des moules à gaufres,elle est complètement à côté de ses escarpins,tantôt surjouant abominablement,tantôt inexistante.Il est à noter qu'elle s'est fait une spécialité de ces rôles de femmes ordinaires aux amours cahotiques depuis le début des années 2000,après avoir commencé dans les emplois de beautés fatales.Le pauvre Ralph Fiennes,en Richard Gere du pauvre en passe de devenir le sosie de Thierry Lhermitte, rame désespérément dans la peau d'un ravi de la crèche et sert péniblement la soupe à J.Lo.Quelques comédiens talentueux parviennent à sauver leur peau tout en cachetonnant,de Stanley Tucci en directeur de campagne stressé à Bob Hoskins,équivalent de l'Hector Elizondo de "Pretty woman",en majordome bienveillant,en passant par Natasha Richardson,WASP fortunée et venimeuse qui mettrait bien le grappin sur Chris.

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le 4 avr. 2018

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