Vingt ans après, ce film s'avère toujours aussi séduisant. J'en connais qui font plus fort. Rendez-vous dans trente ans ! L'idée forte de cette comédie britannique, qui reprend les codes de Quatre Mariages et un enterrement (même producteur, même scénariste, même acteur principal), est de ne jamais chercher à justifier la raison d'être à cette improbable histoire d'amour . Peu importe le pourquoi , c'est le comment qui compte. Comment un personnage ordinaire libraire( Hugh Grant quand même) peut arriver à vivre une relation durable avec une star sublime multimilliardaire, qui ne peut pas faire un pas sans une meute de paparazzi à ses trousses? Bourrés de trouvailles et de mots d'esprit, les dialogues pétillent et parviennent à donner naissance à plein de personnages secondaires, tous attachants et drôles. A côté de ce scénario génial, l'interprétation fait beaucoup avec le talent et le charme d'Hugh Grant ( mèche qui tombe, moue irrésistible, autodérision permanente) et ceux de Julia Roberts qui joue là parfaitement son propre rôle . Entre eux , se crée cette irrésistible alchimie des couples mythiques comme Gregory Peck et Audrey Hepburn dans Vacances romaines par exemple. “I’m just a girl standing in front of a boy, asking him to love her.” Comment ne pas craquer ? Tout est génial. Il fallait un scénariste de génie pour faire de cette histoire un conte universel. Richard Curtis l’a fait. C'est quand même l’homme à qui l’on doit les scénarios de 4 mariages et un enterrement (1994), Le journal de Bridget Jones (2001), et les films Love actually (2003), Good Morning England (2010) et le terrible chef d'oeuvre Il était temps (2013). On sent sa patte. De la même façon que dans 4 mariages et un enterrement et que dans Bridget Jones, ce sont des histoires d’amour mais aussi des films de bandes, avec une place accordée à l’amitié presque aussi importante que celle accordée à la romance. On peut noter également l'importance accordée aux personnages marginaux et handicapés, rarement représentés au cinéma : un frère muet dans 4 mariages et ici une meilleure amie dans un fauteuil roulant . Richard Curtis propose une belle réflexion sur la célébrité avant l'avènement d'internet. En 1999, il s’agissait des journaux people, aujourd’hui ce serait Twitter. Rien ne change. Seul le temps passe. Le temps justement, le temps qui passe est une thématique capitale chez Richard Curtis (qui se concrétisera avec Il était temps, peut-être son chef-d’œuvre). Elle permet d’approfondir les sentiments, de les développer et de les changer parfois. Dans ce film-ci, il y a d’ailleurs un très beau plan-séquence pour symboliser ce phénomène : Hugh Grant marche dans une rue de Notting Hill ,où il y a un marché , au rythme des saisons qui passent sur la chanson Ain’t no sunshine when she’s gone de Bill Withers. C'est un moment de grâce absolue. On retrouve plein de belles trouvailles comme ce plan de grue vertigineux dans un parc de nuit , reflet du vertige de l' amour naissant peut-être, et quelques longs plans en mouvement comme ce dernier plan sur le banc par exemple et le fameux plan-séquence représentant le passage des saisons . Les situations sont tantôt hilarantes avec l’interview improvisée, tantôt émouvantes comme ce dîner d’anniversaire. Impossible de pas se délecter de la performance de l’incroyable Rhys Ifans , qui vole toutes ses scènes en campant un colocataire crado mais sincère. She, la sublime chanson de Charles Aznavour, ouvre et clôt le film. Ce conte de fées moderne arrive à être crédible et possède un charme fou, tant et si bien que l’on ne peut que céder au plaisir de le voir et de le revoir. Cette fin avec cet ajustement des destins est peut-être facile. Mais, c'est ce plaisir qui rend heureux et donne aussitôt envie de tenir une librairie. Coup de foudre à Notting Hill fonctionne à merveille : les dialogues sont excellents, les personnages chaleureux, le quartier décoratif et Julia Roberts se moque parfaitement d'elle-même. D’ailleurs, l’accroche de l’affiche du film résume très bien ce dernier : La plus grande des stars peut-elle tomber amoureuse de Monsieur Tout-le-Monde ? J'adore Julia Roberts, le flegme britannique pince sans rire d' Hugh Grant, la porte bleue de son appartement, ce jardin privé au coeur de Londres, pour l'histoire et le colocataire, pour la scène finale de happy end,... Le scénario est prenant et original. C'est la rencontre improbable entre un modeste libraire et une grande star de cinéma ,qui se sent seul , qui en a assez de la pression médiatique et qui rêve d'une vie simple. Elle va tomber sous le charme de ce modeste libraire mais leur idylle ne sera pas simple car ils ont des vies vraiment très différentes . Les acteurs Alec Baldwin et Matthew Modine jouent dans le film sans être mentionnés au générique. A noter aussi que la toute jeune actrice qu' Hugh Grant interviewe à l'hôtel est interprétée par Mischa Barton, qui se fera connaître plus tard comme une des protagonistes de la série télévisée Newport Beach (The O.C.).Puis, on retrouve avec plaisir le titre In Our Lifetime, interprété par Texas. Une chose est sûr, après la vision du film, tous les garçons veulent devenir libraire.