Un charmant road-movie au féminin à l'univers singulier qui pâtit de quelques baisses de rythme.

Il est toujours agréable de découvrir le premier film d’un réalisateur. Eric Gravel nous emmène dans un road-movie à mi-chemin entre poésie, humour décalé et sous-texte social qui développe sa propre petite mélodie. Un univers plutôt singulier dans lequel on est vite immergé et dans lequel on se sent bien. On y découvre le personnage d’Aglaé, ouvrière peu avenante dont la vie se résume à son boulot de contrôleuse qualité pour les crashs tests de voiture et à ses parties de cricket. Lorsque son usine est délocalisée en Inde, elle décide d’accepter sa mutation là-bas plutôt que de se joindre aux manifestations syndicales de son usine. Deux de ses collègues lui emboîtent le pas dans un voyage en voiture plein de surprises. Dans la première partie, on s’amuse des personnalités de ces trois ouvrières iconoclastes et de la gentille critique faite des conséquences du capitalisme et de la mondialisation. C’est plutôt bien vu, assez rigolo et campées par trois actrices au caractère bien trempé. D’ailleurs, les vignettes les mettant en scène sont particulièrement savoureuses, quoique trop courtes, et se révèlent être les moments les plus croustillants du long-métrage. Quant à India Hair, souvent cantonnée à des seconds rôles, c’est une bonne idée de la mettre en avant et d’en faire l’héroïne du film.


Puis, lorsque le road-movie démarre, la tonalité se fait de plus en plus douce voire mélancolique. La mise en situation et les rencontres faites sur leur chemin (qui sont censées faire tout le sel de ce sous-genre cinématographique) sont plus ou moins réussies. Si l’on adore le passage allemand par exemple, la partie suisse n’est quant à elle pas aussi drôle qu’attendue. Puis, dès lors que le personnage principal se retrouve seul en milieu de bobine, on décroche un petit peu. Malgré la courte durée de « Crash Test Aglaé », il y a de nombreuses baisses de rythme et des séquences qui s’avèrent moyennement intéressantes comme celles avec les artistes russes. Mais, dans la dernière partie, un charme inattendu se produit avec l’arrivée en Inde. Nous ne sommes plus réellement dans l’humour mais on renoue avec un contexte social bien vu ainsi qu’une sorte de jolie poésie qui s’empare in fine de ce premier film. De plus, il nous fait découvrir de superbes paysages asiatiques, loin des clichés touristiques et c’est plutôt une bonne nouvelle. Alors si ce premier long-métrage n’est pas exempt de défauts tels qu’un manque de développement de certains personnages et des couacs et longueurs, il est une proposition de septième art à la fois acerbe, agréable et décalée qu’il est plaisant de déguster.

JorikVesperhaven
6

Créée

le 9 août 2017

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Rémy Fiers

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