Trois ans après l'invisible 9ème Vie de Louis Drax, sorti chez nous directement en DVD, Alexandre Aja revient à l'horreur d'exploitation en mettant en scène un survival américain où une jeune femme et son père doivent échapper à des alligators alors qu'ils sont piégés dans une immense tempête floridienne. Un sujet classique et pas vraiment alléchant mais qui tient néanmoins la route grâce au savoir-faire du réalisateur français.
Après vingt minutes de présentation d'une rare mollesse, le film démarre sans crier gare, comme si Aja, en bon farceur, laissait mariner son spectateur un bref moment pour mieux le surprendre. Quasi-intégralement situé dans le sous-sol d'une baraque (un crawl plus précisément, d'où le titre), le réalisateur va tenter le huis-clos oppressant, comme un mélange du Crocodile de la Mort et de Pluie d'Enfer pour un résultat satisfaisant à défaut d'être vraiment réjouissant. Lui qui avait su mêler le gore au fun tout en proposant un décor aquatique où la menace venait d'en bas dans le très jouissif Piranha 3D, le voici quelque peu empêtré dans un script pas très rebondissant et manquant cruellement d'idées neuves.
Personnages terriblement mal présentés auxquels on ne peut clairement pas s'attacher, prises d'initiatives débiles inhérentes au film de genre, créatures dans l'ensemble réussies mais pas aussi terrifiantes qu'espéré : le film déçoit quelque peu. Mené par une Kaya Scodelario (la trilogie du Labyrinthe) un brin agaçante, le long-métrage enchaîne pourtant quelques morceaux de bravoure et meurtres sanglants mais dans l'ensemble rien ne nous fera clairement trépigner sur notre siège, ni les quelques jump scares imprévisibles ni les mini moments de tension laborieusement empruntées à Spielberg. Pas désagréable mais bien en deçà de ce qu'a pu proposer jusqu'alors Alexandre Aja, Crawl n'a ni le fun ni la férocité d'un Lake Placid de vingt ans son aîné.