Un film d’agressions animales rempli de vilains alligators, propulsés au beau milieu d’habitations en proie aux inondations, le tout matinée d’un ouragan de force 5, voici en version “Time-Lapse”, les grandes lignes du nouvel effort d’Alexandre Aja (“La colline à des yeux”). “Encore un énième film de bestioles pas très sympathiques aux mâchoires acérées qui claquent et résonnent dans les salles obscures en cette période caniculaire”, me direz-vous ! Eh bien, non, car “Crawl” est plus que cela. D’une durée d’à peine 90 minutes, Alexandre Aja fait pourtant la part belle à ses deux acteurs principaux, Haley (la sculpturale Kaya Scodelario), une championne de natation (malins les scénaristes !) et son père Dave (le trop rare Barry Pepper), avec lequel elle n'entretient plus aucune relation. Pris au piège par la tempête dans le sous-sol de leur maison, les deux naufragés vont tenter de survivre aux assauts répétés d’alligators voraces. Des retrouvailles tragiques induisant une psychologie fouillée des personnages, essentielle à l’empathie et à la réussite du long-métrage, car si l’on veut frémir aux attaques des sauriens (impressionnants d’ailleurs, très bons SFX), il faut s'intéresser aux humains. Le postulat de fin du monde s'abattant sur la Floride, ici, la force destructrice d’une nature déchaînée, ne laisse aucun répit aux spectateurs, qui comme les protagonistes se trouvent à la merci d’éléments dévastateurs, le réalisateur nous balade avec maitrise entre le film catastrophe et le film d’horreur. Quelques clichés (le sous-genre oblige !), mais pas de second degré dans “Crawl”. Alexandre Aja laisse derrière lui l’humour potache et le gore grand-guignolesque de son “Piranha 3D” pour nous offrir un survival dégraissé et sauvage, un huis-clos anxiogène au suspense jouissif. On n’avait pas connu cela depuis “Solitaire” (“Rogue”) de l’Australien Greg McLean sortie en 2009 chez nous !