Je redoutais un peu ce film d'Apatow pour la simple et bonne raison qu'il s'agit là du premier film qu'il réalise sans en avoir écrit le scénario. Après, sans approfondir sa série, je me suis permis de faire connaissance avec la petite Amy, ce qui m'a un peu rassuré... mais bon, quand même ! Et puis ce n'est pas si surprenant que ça qu'il ait fait ce film. Il avait déclaré, à la sortie de "Funny People", qu'il avait envie d'écrire des rôles de femmes intéressants et réellement drôles. Pour "Funny People", il avait fait appel à sa tendre moitié. Après cela, ça me paraît logique qu'il tente de bosser avec une scénariste femme afin de faire un film avec une gonzesse dans le rôle titre ! Espérons que cela lui ouvre la voie à de nouvelles collaborations voire à des personnages féminins un peu plus riches dans les prochains films qu'il scénarisera.


Et bien ça passe plutôt bien. Il y a d'ailleurs fort à parier que le bougre s'est permis de 'conseiller' la jeune débutante, en bon producteur qu'il est, et ainsi on retrouve tout de même des éléments de son univers humoristique mélangés à ceux de Amy. Le film est un peu plus sale que ses derniers films aussi, on se rapproche en fait un peu plus de "The 40 Year Old Virgin". Le scénario y fait d'ailleurs très fort penser.


Le film est assez long. Il faut dire que l'auteure se plaît à digresser ou plutôt à étirer des moments pas très utiles à la narration mais riches en humour. Du coup ça passe assez bien, mais forcément, il arrive un moment où ça coince un peu. Et ce moment, en général, c'est lorsque l'histoire doit avancer : d'un coup, tout va plus vite, les choses sont moins approfondies, ici au point que l'évolution de l'héroïne se fasse par le biais d'un deuil... ce qui est donc une invraisemblance ou plutôt une grosse facilité narrative. L'auteure semble perdre un peu son sujet sur la longueur aussi, on mais c'est dû à cette utilisation maladroite du deuil. Les personnages sont sympathiques, c'est d'autant plus dommage qu'ils soient bâclés sur la fin. J'aurais bine aimé qu'on s'attarde un peu plus sur ce que chacun aime chez l'autre. Au final, je trouve que cette histoire de couple ne prend que très peu de place dans le film à cause d'un surnombre de gags.


Heureusement, les gags, jusqu'à la dernière demi-heure (à cause de cette narration remise en avant de manière trop brutale), sont très drôles. Je me suis vraiment bien marré. Cela ne vole pas très haut, quoique certains gags sont un peu plus raffinés, mais moi ça me suffit tant que c'est bien approfondis, et pour ça, Judd et Amy ont fait un excellent boulot. Le film comporte très peu d'impro comparé aux autres œuvres de Apatow. C'est d'ailleurs étonnant qu'il soit si long : le truc avec ses autres films, c'est qu'il laisse ses acteurs improviser et récupère plein de blagues, ici, on dirait que les choses sont bien plus scénarisées ou que les impro sont un peu plus limitées dans le temps. Pour moi, les meilleurs passages mettentn en scène Lebron et Aaron (dommage que son personnage ne soit pas plus développé).


La mise en scène est plutôt soignée : Judd ne s'encombre pas d'une mise en scène audacieuse, il se contente d'un placement de personnage, des cadres larges pour les laisser bouger et puis des cadres serrés pour les nombreux dialogues. Le chef op' privilégie souvent la longue focale, ce qui permet de jouer avec l flou et donc de composer plus facilement de jolis cadres. Les acteurs sont assez bons. Pour cette collaboration, Judd a décidé de ne caster que peu d'acteurs qu'il connaissait déjà. Il garde tout de même le principe de caméo qui lui est cher. J'ai même eu le plaisir de retrouver ce bon vieux Broderick pour quelques minutes : j'espère qu'ils retravailleront plus sérieusement ensemble (un premier rôle pour Broderick dans un Apatow, moi je dis oui). La musique passe globalement bien, sans accroc.


Niveau message, je suis étonné de la fin qui rabaisse tout de même la femme et laisse la bonne place au mec. On dirait un film écrit par un mec. Et puis je me dis qu'en fait, à force d'entendre des féministes rabattre les oreilles avec ce que devrait être le bonheur d'une femme, j'en oublie ce qu'est le bonheur de certaines femmes. L'une n'est pas l'autre. Et ici ça parle surtout de l'idée de changer pour l'autre. Et quand j'y repense, Amy a écrit un scénario comme un mec : il suffirait d'interchanger tous les sexes de ce film et tout de suite on obtient une comédie très conventionnelle. C'est un peu comme "500 days of Summer", je ne comprends pas pourquoi on dit que ce film est différent des autres, c'est juste qu'ils ont interchangé les sexes des deux personnages principaux. Pour le reste rien de neuf. Donc, je me rends compte que ce serait idiot de ma part de penser qu'Amy a écrit un film de mecs. Elle a juste écrit un film sur une femme qui se sent mal dans sa peau à cause de son père et qui désire changer pour trouver le bonheur. Ce n'est même pas un film sur la polygamie (dommage) ou plutôt sur la monogamie.


Bref, "Trainwreck" est une comédie un peu longue, au scénario un peu confus parce qu'il ne met pas bien en place ses enjeux (même si on les devine, comme la place du père) et qui exécute mal ses résolutions, mais c'est surtout une comédie qui m'a bien fait rire.

Fatpooper
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le 21 nov. 2015

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