Dirty Eastwood

Ce qu'il y a de surprenant avec Clint Eastwood, c'est qu'il ose s'aventurer dans tous les genres. Du western au film policier d'où il est venu, il a également tenté les drames, les biopics, les films d'action et quelques comédies. Mais il y a certains genres qu'il n'est pas aisé de s'attaquer et le polar noir est un exercice assez périlleux pour monsieur Eastwood qui, avec ce Créance de sang plutôt fade, n'arrive pas à faire concrètement revivre l'aventure du roman de Michael Connelly... Deux ans après le détonnant Space Cowboys, l'acteur-réalisateur préfère ainsi se consacrer à un projet plus calme, plus intimiste et moins onéreux.

Plus prévisible qu'un épisode des Experts, moins rythmé aussi, avec une galerie de personnages mornes et des dialogues insipides, Créance de sang ne convainc jamais. Le sujet est pourtant original et intéressant mais l'enquête piétine, se retrouvant quasiment tout le temps au point mort. Difficilement intéressante à cause d'une réalisation molle et de rebondissements téléphonés, l'histoire ne parvient jamais à susciter l'attention d'un spectateur habitué à bien mieux dans le domaine.

Eastwood préfère donc flatter son ego et soigner son image de flic sur le retour, quitte à nous balancer des scènes passablement ridicules comme par exemple cette très dispensable scène d'amour dans le bateau où notre papy charmeur arrive, tout comme dans Jugé coupable, à tomber une jolie donzelle de presque 30 ans de moins. Entouré d'acteurs désormais de seconde zone (Jeff Daniels remplaçable, Angelica Huston effacée, Wanda De Jesus peu crédible), notre Inspecteur Harry de 72 ans peine à faire ressortir une intrigue prenante qui, à force d'un manque de maîtrise du sujet et de moments un peu trop lourds, passe à côté de l'essentiel.