Breed too

Adonis Creed, nouveau champion du monde poids lourd, est le digne fils de son père. Mais, enfer et damnation, il en existe un autre. Ivan Drago a lui aussi un rejeton qui est tombé dans la marmite de stéroïdes étant petit, et il revient proposer le re-match d’une génération.

Cette suite (et parfois calque) de Rocky IV, imaginée par Sascha Penn et Cheo Hodari Coker, voit le retour de Stallone au scénario et le départ de Coogler de la réalisation. Et je dois bien avouer que le concept de ce nouveau Creed est fort séduisant. Pour autant, le film m’aura laissé dubitatif.

Après un premier film stellaire, Adonis Creed (Michael B. Jordan) et Rocky Balboa (Sylvester Stallone) sont mis en scène par le jeune et relativement inexpérimenté Steven Caple Jr. Je m’y attendais : sans être mauvaise, la réalisation est un gros cran en dessous. Mais ce n’est pas ce qui m’a fondamentalement gêné. J’ai simplement trouvé que le film a moins d’impact que son prédécesseur (no pun intended).

Si le thème du premier Creed (2015) était la reconnaissance, et la légitimité, celui de cette suite est l’émancipation. Adonis ne veut pas se contenter de marcher dans les traces de son père, il veut écrire sa propre histoire et conjurer la fin funeste d’Apollo aux gants d’Ivan Drago. Sur le papier, l’idée est excellente et évite de tomber dans l’hommage inutile voire l’auto-caricature (salut Star Wars Épisode VII). Mais malheureusement le traitement est beaucoup plus hasardeux.

Et tout se cristallise dans une question. "Pourquoi te bats-tu ?" demandera plusieurs fois Rocky à Adonis, lors de l’inévitable crise de confiance du second acte. En voilà une bonne question : je ne comprend pas quel est le coeur de la nouvelle légende qu’il veut se construire. Que ne suis-je donc stupéfait, lorsqu'au dernier match, Rocky annonce qu’Adonis, rendu plus sage après son entrainement sur Dagoba —ou le désert, je sais plus trop— l’a enfin compris. Ah ? Mince, j’ai du rater le mémo. À peine saura-t-on que ce n’est « ni pour son père, ni à cause d’eux [les Drago] », et que c’est « son combat ». Ça me fait une belle jambe.

En fait, on sent que les scénaristes, Stallone et Juel Taylor, n’avaient pas de réponse à cette question. Donc ils ont essayé de nous la mettre à l’envers : quelques dialogues « profonds » et quelques séquences émotions et montages d’entrainement plus tard, on se retrouve bien embêté avec son crayon HB face à l’interro suprise :

Pourquoi Adonis Creed se bat-il ?
A. Pour sa fille et sa femme, quoi que cela signifie
B. Parce que la méditation transcendantale, c’est pas son truc
C. Parce qu’il n’y a pas de sous métier
D. “Buenos Dias, mon nom est Adonis Montoya, tu as tué mon père, prépare toi à mourir !”

Mais du coup, la vraie question à mille points est : et toi Stallone, pourquoi te bats-tu ? Que cherches-tu à faire de cette vénérable série ? En voyant Creed II, pas sûr qu’il ait la réponse à cette question non plus…

Bref, pas assez maîtrisé au niveau du scénario comme de la réalisation, Creed II est un film qui se laisse regarder mais qui ne marquera pas les esprits. Un rendez-vous manqué.