Lorsque le projet Creed fut annoncé, la nouvelle avait fait trembler le cœur fragile des fans de la saga Rocky, culte parmi les cultes : Hollywood était en plein chantier de démolition des mythes ciné, les projets opportunistes de remakes, suites tardives et reboots étaient légion et ce projet en question, du moins sur le papier, sentait un peu la passion pognon. Ce qui n'avait pas empêché les plus optimistes d'y croire, surtout à l'annonce du retour de Balboa/Stallone et son implication dans le film. Au final, Creed s'avère l'une des meilleures surprises de l'année 2016 et un pari gagné malgré une incertitude manifeste quant à ses propres intentions.


En 2006, Sylvester Stallone effectuait un retour en grâce après une longue traversée du désert et ce, en ramenant sur grand écran son héros fétiche pour un dernier tour de piste. Une façon de clore définitivement la saga sur une note plus positive, vu que les fans n'avaient jamais vraiment digéré un cinquième volet jugé hérétique -bien que non dénué de qualités-. Tout était dit ou presque et la page était tournée, du moins pour Stallone lui même qui en profitera deux ans plus tard pour faire un adieu similaire à l'autre icône qu'il a créé, dans John Rambo. C'était sans compter sur la pugnacité de Ryan Coogler, jeune réalisateur tout juste auréolé du succès de Fruitvale station, hit indé encensé par la critique et le public. Lui aussi a été biberonné à la saga pugiliste mais pas question pour lui de se faire cannibaliser par la légende du gaucher de Philadelphie : Il a sa propre histoire en tête, qu'il développe et co-écrit avec Aaron Covington. Pari risqué, affront au mythe diront certain, mais au vu du résultat, il faut surtout y voir une confiance en soi totale de la part de Coogler et qui n'a pas échappé aux studios : Ils donnent le feu vert et Stallone confirme son retour dans la foulée.


Si l'intention de Creed était de clore définitivement la saga Rocky, alors le pari est à demi raté. Loin de tourner la page, le film en écrit une nouvelle au sujet de la figure légendaire qu'est le boxeur. Adonis est peut-être venu chercher de quoi lui rappeler son papa, c'est bel et bien son rival et ami qu'il finira par connaitre et adopter. C'est en même temps la force et la faiblesse de ce film. D'un coté Creed tend la main aux fans de la première heure en proposant une copie carbone du premier épisode et reprend -intelligemment- tous les mythes de la saga (Rise and Fall d'un challenger fils de la rue, combat éternel pour concrétiser un rêve difficile...). De l'autre, il tente maladroitement de raconter sa propre histoire, de trouver son propre ton et de créer un autre mythe. Quoi qu'il en soit le résultat est là : L'immense plaisir de retrouver Stallon/Rocky dans une histoire de passation de flambeau émouvante et surtout... sincère.


Sincérité est vraiment le mot qu'il faut retenir de Creed, car c'est bel un bien un film sincère que nous avons là, loin de la suite vénale et nostalgique. Preuve s'il en faut, Coogler ne néglige aucunement son jeune protégé et lui donne tout l'espace pour montrer la mesure de son talent : Michael B.Jordan est simplement parfait dans son rôle, tant dans les scènes physiques que celles plus intimistes et dramatiques, alors que l'on craignait qu'il se fasse écraser par le monstre Stallone/Rocky. Si Stallone est l'âme de ce film, Jordan en est le cœur, celui qui fait vibrer le métrage pour arriver à son apogée et ainsi se détacher symboliquement de l'ombre de son père aussi bien que celle de son nouveau mentor.


Pari risqué mais remporté haut la main, Creed est une film honnête, futé et sincère qui reprend et réinvente l'âme de la saga de l'étalon italien, portant ainsi à merveille son titre français : l'héritage de Rocky Balboa. Il serait intéressant dès lors de savoir ce que la suite réserve (puisqu'il y aura d'autres épisodes, ne nous voilons pas la face) et quelle direction elle va prendre.

AtefAttia
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le 6 janv. 2019

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Atef Attia

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