Trois secondes. C'est le temps qu'il ma fallu pour mettre un terme à mon débat intérieur lorsque le film commence : vais-je être un glaçon intellectuel à la vision de ce énième Rocky ou me laisserais-je gagner par la chaleur d'une œuvre usinée façon années 80 ?
En effet, comme l'a dit l'ami présent avec moi dans la salle, ce Creed est un film fait à la manière de ceux des années 80, dont le fameux Rocky, premier du nom. Il en reprend d'ailleurs essentiellement la trame, comme d'ailleurs Star Wars l'a fait récemment en reprenant le scénario du premier opus de la saga spatiale. La différence réside dans le fait qu'ici on traite d'humains de manière humble, simple. On parle d'espoir. On parle de combat au quotidien, sur le ring et en dehors. On parle en dernier instance à la fois de l'idéal américain et de l'américain de tous les jours. Et cela Stallone et consorts savent le faire à merveille. Surtout que Stallone à l'intelligence de rester en retrait. Il déploie un jeu sûr et même touchant à certains moments. La star du film, c'est Michael B. Jordan, qui porte le film sobrement. Il est entouré dune pléiade d'acteurs qui font le boulot pour que la mécanique fonctionne.
On ne peut toutefois donner une note énorme à ce film objectivement parlant car il souffre d'un calibrage certain, même si cela est totalement assumé. Et puis l'histoire d'amour ralentit l'action quelques peu. Pourtant cette même action est magnifiquement mise en image, par exemple avec un montage en parallèle des deux protagonistes avant le combat final, accompagné d'un crescendo musical qui met le spectateur lui-même en condition. La musique d'ailleurs tout au long du film, porte les actions d'éclat du personnage principal. En revanche les morceaux de rap ou de R'n'B ou même ceux composés par le personnage campé par Tessa Thompson, sont sans saveur même s'ils ne nuisent pas au plaisir. Des défauts issus d'un film formaté qui modernise toutefois la trame de Rocky.
Qu'importe, on ne met pas les pieds dans la salle pour voir Creed dans le but de voir le nouveau Casablanca. Non. On vient voir le dernier bonbon concocté par tonton Stallone et ses amis. Comme Grudge Match. Et encore plus comme les Expendables. Sly est devenu confiseur cinématographique.
On vient également voir des gens vivre leur passion, avec difficulté, avec beauté, avec amitié et surtout avec amour. On vient se faire raconter sur écran géant l'histoire d'un garçon qui refait le coup de Rocky, mais à sa manière. On nous raconte l'histoire d'un famille. Une famille dont le spectateur fait lointainement parti, avec nostalgie. On vient voir les américains dans ce qu'ils ont de plus appréciable. On vient voir leur combat quotidien respectif, qu'ils le choisissent ou qu'ils le subissent.
On vient voir Creed car on a vu et aimé Rocky. Et d'un coup on a compris une chose simple comme ces films : Stallone, c'est l'Amérique