Le jeune Adonis Johnson décide de consacrer sa vie au sport qui a fait la gloire d’Apollo Creed, père qu’il n’a jamais connu. Pour cela, il quitte Los Angeles pour Philadelphie où il demande à Rocky Balboa de devenir son entraineur. Le vieux briscard accepte mais il faudra plus que de la force physique pour qu’Adonis entre sur le circuit et soit respecté par ses pairs.


Définitivement increvable, le personnage culte de Sylvester Stallone est de retour pour un septième épisode au cinéma alors que Rocky Balboa semblait avoir fait son baroud d’honneur il y a déjà dix ans. Le succès de ce qui est désormais une saga s’appuie sur son statut de mythe de la culture populaire, notamment depuis que Sly est à nouveau sur le devant de l’affiche, et qu’il est accepté par l’intelligentzia cinéphile. Sa nomination aux Oscars 2016 comme meilleur second rôle n’a rien d’ubuesque quant on voit le potentiel rassembleur des films de Stallone. Rocky est l’étendard de cette culture populaire, capable de réunir quiconque dans une même sale de cinéma malgré la relative simplicité du personnage et de l’histoire. L’honnêteté, l’humilité qui s’en dégagent est le moteur d’un récit qui parle à tous. La dimension autobiographique des Rocky est également très forte car on y suit en filigrane la carrière de l’acteur et des questions qui le taraudent.


Creed doit sonner comme un passage de relai mais en vérité, ce n’est pas vraiment le cas. Michael B. Jordan est impeccable dans son rôle de prétendant au championnat du monde, et correspond à l’image de la boxe actuelle. Même le footeux que je suis a pu prendre son pied avec les jolies références au club d’Everton ! Car c’est bien deux mondes qui se côtoient dans ce film. D’un côté, une modernité dans les styles de combat, la vie et l’entrainement des athlètes et bien sûr la multitude de sponsors qui ancrent l’univers dans notre réalité. En face, c’est Rocky dans son monde plus proche de la boxe à papa et qui tente de faire vibrer la fibre nostalgique des précédents opus. Balboa est touchant, il s’accroche à ses racines modestes et continue d’aller sur la tombe de sa femme, désormais accompagnée de celle de son beau frère Paulie. Un environnement qui s’écroule petit à petit, pour notre plus grande peine également. Le fatalisme qui entoure aujourd’hui l’existence de Rocky continue d’appuyer sur les valeurs d’humilité que j’aie précédemment citées. Mais la multitude de clins d’œils revigoreront les esprits chafouins : la chasse au poulet, la salle de tonton Mickey, les flashbacks plus ou moins formels,…


Alors forcément, à courir plusieurs lièvres il y a bien quelques ratés. Déjà, l’originalité du scénario peine à convaincre, comme cette fin vue déjà deux fois dans les précédents épisodes ; mais c’est surtout l’amourette entre Creed et Bianca qui souffre d’un formalisme profond. Il aurait été intéressent de développer une thématique sociale car le film se limite malheureusement à une idéalisation de la société, vitrine clinquante du salad bowl et de l’american dream. Musicalement, l’ensemble manque d’un thème fort ou peut être d’un hommage plus évident aux bandes son de Bill Conti (réécoutez l’épique BO de Rocky II) mais l’époque est au hip-hop, teinté parfois d’électro, ce qui questionne d’autant plus sur la place, la véracité d’un héros comme Balboa en 2016. En revanche, rien de plus naturel que d’avoir sélectionné un morceau des Roots.


Action, émotion, amour, drame : tout ce qui fait la force des Rocky est bien présent dans le passage de témoin qu’est censé représenter Creed. Aussi sincère et touchant que naïf et idéaliste, voilà le combo qui rend culte l’œuvre de toute une vie de Sylvester Stallone. Néanmoins, on se demande ce que peut devenir la franchise sans lui. L’ambivalence tradition/modernité du film rappelle ô combien la puissance d’un mythe populaire dépasse tout le reste. Que Rocky soit dans le ring, à la maison de retraite ou sur le seuil de la mort c’est bien pour lui que l’on veut entendre sonner la cloche une fois de plus.

ZéroZéroCed
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le 13 sept. 2016

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