Après la conclusion idéale que fut Rocky Balboa, je craignais le crime de lèse-majesté quant à l'annonce de Creed, acté comme un spin-of de la série. Il faut dire que contrairement à tous les autres volets, celui-ci n'est pas écrit pas Sylvester Stallone, mais par Ryan Coogler, fan de la première heure de la saga, et qui a voulu faire ce film en hommage à son père, lui aussi très amateur de Rocky. Nous verrons tout au long de la critique que le thème de la filiation reviendra souvent dans le film.


Adonis Creed est le fils d'Apollo Creed, mort avant sa naissance, et qui vit constamment dans l'ombre de son père. Il va jusqu'à tourner le dos à son travail pour apprendre la boxe au sein de Philadelphie, et qui plus auprès de Rocky Balboa, rival de son père.
Les refus initiaux de Rocky vont s'abattre devant le volonté de fer d'Adonis de se faire un nom propre, jusqu'à affronter le champion mi-lourd lors du combat final...


Il est aussi question de passage à témoin entre Rocky, qui se sent vieillir, et désormais seul, et ce jeune homme qui lui rappelle tant son rival et ami; afin que, plus qu'une relation maitre-élève, c'est un côté père-fils qui se noue, y compris dans les moments les plus difficiles de l'un comme de l'autre.
Il est trop rare pour le dire dans sa filmographie globale, mais ici, j'ai trouvé Sylvester Stallone magnifique ; on le voit bien à son physique qu'il n'a plus le gabarit pour tâter du gant de boxe, il a près de 70 ans, il est plus présenté ici comme un mentor, un modèle à suivre pour Adonis comme le père qu'il n'a jamais connu. Mais malgré son retrait du ring, il aura aussi à se battre contre la maladie, alors que celle-ci avait déjà emporté Adrian. J'avoue que ces moments-là, où il est en pleine chimiothérapie, m'ont bouleversé comme rarement au cinéma, car Ryan Coogler ne cache pas le traitement subi par Rocky ; je ne dirais pas la finalité, mais c'est vraiment filmé comme un combat.


Quant à Michael B. Jordan (qui s'est vraiment transformé physiquement), il est excellent, car son éducation le rend parfois touchant avec Rocky, ou avec sa future copine Bianca. D'ailleurs, pour en revenir à la scène de leur premier baiser, elle est là aussi filmée avec une grande pudeur, comme si le temps était en suspension à ce moment-là.
On voit bien Adonis qui se cherche, dans un conflit œdipien avec son père, en qui il reproche en quelque sorte la difficulté de vivre avec un tel nom, car à chaque fois que le nom de Creed est énoncé, ce n'est pas Adonis que les gens voient, mais Apollo, ce qui ne manque pas de l'irriter.


Spin-of ou pas, Rocky ne serait rien sans sa partie boxe ; Ryan Coogler a l'audace de filmer le premier combat de Creed en un seul plan-séquence, comme pour montrer la rapidité du combat grâce à la force du jeune homme. Et, tout comme Rocky Balboa, le fameux combat final, qui donne envie de se lever du fauteuil durant la séance, est filmé majoritairement en numérique (contrairement au reste du film qui est en 35 mm), là aussi pour donner l'illusion que c'est filmé par la télévision.
Les figures obligées de la série sont quand même là, mais de manière un peu différente, comme l'entrainement de Creed (mais sans Going strong), et divers thèmes repris de la bande originale de Rocky, bien qu'on puisse regretter qu'ils soient peu nombreux. Quoiqu'à un certain moment, le thème d'Apollo Creed va revenir, et ça fait un de ces effets !


Je prêche pour ma paroisse et admets adorer Rocky, aussi bien les valeurs du personnage que les films (on s'est bien dit que le V n'existe pas ?), car il y a quelque chose d'universel dans les thèmes abordés ; la recherche de soi, le dépassement, l'envie de se battre .... Tout cela y est dans le film de Coogler qui d'ailleurs filme souvent son acteur fétiche de la même façon que dans Fruitvale Station, en gros plan. Malgré les quelques défauts (dont une incohérence majeure qui conduit au combat final), on sent le jeune réalisateur (28 ans au moment du tournage !) comme transporté, et ravi de filmer un des héros de son enfance ; malgré le 2h15, le film se suit sans aucun temps mort.


Je peux le dire ; j'ai trouvé ça magnifique ... et humain.

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le 17 févr. 2016

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Boubakar

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