Clint et son chapeau de cow-boy à l’affiche de Cry Macho, la promesse d’une nouvelle page dans l’histoire de l’une des plus grandes figures du western. Un homme qui avance en âge et qui continue de proposer ses réflexions sur lui-même et le monde qui l’entoure et qui vient, du haut de ses 91 ans, se livrer à nous.


Tous les fans et amateurs du cinéma de Clint Eastwood ont probablement vibré en découvrant la bande-annonce de Cry Macho, avec cette image de cow-boy solitaire marchant au coucher de soleil, comme dans une illustration d’une légende qui tire sa révérence après une longue et belle vie. La mise en place d’une relation entre un cow-boy texan endurci et un jeune adolescent mexicain semblait convoquer Gran Torino, avec, en plus, cette allure de road movie et cette fragilité émanant du personnage campé par Clint qui venait aussi nous rappeler La Mule. Dans ses promesses, Cry Macho semblait donc s’inscrire dans la continuité de la filmographie de Clint Eastwood, suivant la voie empruntée depuis le virage pris avec Gran Torino notamment, nous faisant passer à l’heure du bilan.


Le personnage de Mike, campé par Clint Eastwood, est en effet présenté comme une vieille gloire du rodéo, ayant un boulot modeste dans lequel on ne lui offre plus de reconnaissance, autant qu’il semble détaché du monde dans lequel il vit. Sans famille ni attaches, il est à la foi marginal par lui-même et marginalisé par ses connaissances qui ne voient plus en ce vieil homme qu’un passé qu’on souhaite ranger au grenier. Un parallèle s’effectue rapidement entre le personnage de Mike et le vrai Clint Eastwood, avec cette vision d’un homme qui vit avec son passé, qui continue sereinement son chemin sans trop se préoccuper des autres, une figure que l’on respecte, une légende. Cry Macho est à l’image de ce qu’est devenu Clint Eastwood, un homme humble et apaisé, faisant preuve de simplicité.


En effet, Cry Macho a essuyé de nombreuses critiques négatives, sûrement pour le décalage manifeste entre les promesses annoncées et le résultat obtenu. Car le dernier film de Clint Eastwood n’est certainement pas un grand film, et ce pour de nombreuses raisons. Tout d’abord car ce n’est pas son intention. Un peu dans la même veine que La Mule, Cry Macho n’a pas d’ambitions démesurées, proposant une petite histoire simple, avec des discours très classiques. C’est un petit film de Clint Eastwood, et on ressent, en le voyant, qu’il ne cherchait pas à en faire plus. Toutefois, on peut lui reprocher d’autres choses qui font que Cry Macho pouvait être un petit film humble tout en étant bien réussi. On pense à l’introduction et au développement assez bâclé du personnage de Mike, aux choix d’acteurs parfois discutables, notamment dans certains seconds rôles, à l’intrigue qui tend à patiner, et aux rebondissements souvent forcés qui balisent trop le chemin pris par le film. C’est là que le bât blesse pour Cry Macho, l’expérience et le talent de Clint Eastwood devant garantir bien plus que cela.


On aime beaucoup qualifier de « crépusculaires » les films de Clint Eastwood, et Cry Macho ne l’est pas vraiment. Dans son ton assez léger, humble, presque cartoonesque par moments (on pense au rôle du coq dans le film), on tendrait plus à se rapprocher d’un Doux, Dur et Dingue (même si ce n’est pas Clint qui le réalise) que d’un Impitoyable ou d’un Homme des Hautes Plaines. Cry Macho marquera hélas difficilement à cause de ses faiblesses manifestes, d’autant plus que les espoirs placés en lui étaient grands, même s’il n’est jamais juste de juger un film seulement sur la base de ses propres attentes. On gardera quand même cette très belle image où l’ombre de Clint s’allonge dans le désert au coucher de soleil, disparaissant dans l’horizon, superbe symbole et très beau moment de cinéma au milieu de cette petite aventure sans prétentions.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

JKDZ29
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Vus en 2021 : Le cinéma poursuit son chemin et Les meilleurs films de 2021

Créée

le 30 nov. 2021

Critique lue 138 fois

2 j'aime

1 commentaire

JKDZ29

Écrit par

Critique lue 138 fois

2
1

D'autres avis sur Cry Macho

Cry Macho
SanFelice
4

Clint Eastwood se perd sur les routes du Mexique

Texas, 1979. Ancien champion de rodéo cassé par une mauvaise chute lors d’une compétition, Mike est désormais un petit vieux qui se déplace lentement, qui vit lentement, un de ces personnages qui...

le 12 nov. 2021

50 j'aime

3

Cry Macho
Star-Lord09
6

La dernière bal(l)ade du Cowboy

Évoquer le personnage de Clint Eastwood dans une société occidentale contemporaine et malade reviendrait presque à sortir une boussole de sa poche pour en retrouver le nord. Le réalisateur de Cry...

50 j'aime

25

Cry Macho
JorikVesperhaven
4

Un Eastwood plus que mineur, insignifiant et nais au possible, au scénario vide et à la réalisation

Aurait-on perdu notre bon vieux Clint? A voir ce nouvel opus annuel de la légende on dirait bien. Car « Cry Macho » risque d’être l’un des faux pas récents les plus tristement raté de sa carrière. En...

le 22 sept. 2021

46 j'aime

Du même critique

The Lighthouse
JKDZ29
8

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

le 20 mai 2019

77 j'aime

10

Alien: Covenant
JKDZ29
7

Chronique d'une saga enlisée et d'un opus détesté

A peine est-il sorti, que je vois déjà un nombre incalculable de critiques assassines venir accabler Alien : Covenant. Après le très contesté Prometheus, Ridley Scott se serait-il encore fourvoyé ...

le 10 mai 2017

74 j'aime

17

Burning
JKDZ29
7

De la suggestion naît le doute

De récentes découvertes telles que Memoir of a Murderer et A Taxi Driver m’ont rappelé la richesse du cinéma sud-coréen et son style tout à fait particulier et attrayant. La présence de Burning dans...

le 19 mai 2018

42 j'aime

5