Ne réveillez pas le dragon qui dort.
J'ai une tendresse particulière avec ce film. Je l'avais vu au cinéma, alors que débutait le phénomène manga, et je connaissais déjà les deux tomes dont le film s'inspire. Je l'ai d'ailleurs revu plusieurs fois, dont cette fois-ci à l'occasion de sa sortie en Blue-Ray, et je vois dans Crying Freeman l'immense cri d'amour d'un réalisateur, français de surcroit, au cinéma de Hong-Kong.
Cette histoire de femme traquée par un tueur (qui pleure à chacun de ses victimes), car elle a vu accidentellement un crime qu'il a commis, mais qui va se transformer en amour, est à l'aune du film, d'un grand romantisme, et d'une relation qui se fait comme fusionnelle entre ses deux acteurs principaux, Mark Dacascos et Julie Condra (qui se sont d'ailleurs mariés à l'issue du tournage). L'influence des films de John Woo se fait également ressentir (Gans a d'ailleurs embauché son monteur de l'époque, David Wu) dans ce côté stase/extase de l'action, comme une récompense aux yeux du spectateur.
C'est aussi un film à petit budget, je vois mal l'action se dérouler à San Francisco (c'est en fait Vancouver), et donc certains décors affichent leur pauvreté.
Mais outre Dacascos et Condra, on a aussi Tcheky Karyo, Makoto Iwamatsu (qui fut un ami de Bruce Lee), et la fantastique Yoko Shimada, dont son personnage de femme perverse mériterait à elle seule un film.
Comparé au manga, seul la fin a été changée, et le sexe y est bien moins présent, à part si on aime le popotin de Mark Dacascos.
Compte tenue des moyens, c'est un film que je trouve très réussi, assumant sans mal ses influences (on y retrouve pas mal de cinéma HK, mais aussi du Dario Argento et du Fulci) et qui, sous certains côtés, annonce la plus grande réussite que sera Le pacte des loups des années plus tard.