(*) citation de l'écrivain Loïc Decrauze (Les boyaux de la pomme à Guillaume, 1987)
Cube est ce qu'on appelle communément un film singulier et unique, qui passe ou qui casse, mais qui ne laisse pas indifférent.
Réalisé avec un budget très limité et un casting inconnu, ce huit clos qui flirte entre thriller, fantastique et horreur m'avait pas mal marqué à l'époque lors de son visionnage sur Canal +. Plus par son ambiance que par son histoire intrinsèque, un scénario au final froid de simplicité qui renforce d'ailleurs le malaise que l'on peut ressentir autour des protagonistes.
7 êtres humains que tout oppose ou rien ne lie en apparence enfermés sans raison dans un cube géant construit par on ne sait qui. Le pitch est implacable, tout comme son but suprême : sortir de là, vivant si possible, en bravant les pièges et autres formules mathématiques reliant chaque salle de cette mystérieuse prison.
Peu importe ici les raisons ou qui est derrière tout ça : on ne le saura jamais, et à la limite tant mieux ! Ici, ce sont les relations (et la folie) humaines qui sont mises en avant, ou comment chacun révèlera au fil des heures sa véritable personnalité face à une angoisse exponentielle.
Le canadien Vincenzo Natali signe ici une oeuvre à la fois humaniste et pessimiste au cours de laquelle on est en droit de se poser plusieurs questions. L'être humain mériterait-il ce sort afin d'affronter sa sinistre réalité ? Ce cube serait-il une métaphore de la vacuité de notre existence ? En ce sens, le personnage de l'architecte David Worth est un peu la représentation de cette inutilité de l'Homme qui se retrouve confronté à sa propre raison d'être, avec au final peu d'espoir et un message d'ensemble assez sombre.
Considéré par beaucoup comme une série B sans grande envergure, Cube est au final bien plus que cela : un film très philosophique et assez dramatique sur la Vie qui peut nous amener à nous remettre en question ou tout du moins à nous faire réfléchir sur certaines choses.
Alors certes il n'est pas exempt de certains défauts, avec parfois une mise en scène un peu brouillonne (mais aussi souvent assez intelligente dans ses choix d'angle de caméra ou de profondeur de champ) et des acteurs souvent en surjeu. Peu importe, cela renforce même au final un réalisme quelque peu paradoxal compte tenu de la situation ubuesque dans laquelle les personnages se trouvent.
Quant à sa suite ou à son prequel, j'en ignore tout. Et je crois que cela vaut mieux ainsi. Même si je sais qu'un jour je risque de me laisser tenter, quitte à en ressortir quelque peu violé de l'intérieur...
Petite dédicace au Gardien du Cinéma, youtubeur que je vous conseille vivement, et qui m'a donné envie de revoir cette oeuvre