Tout ça, à cause d'un simple retard...

Grâce à ma maman, qui a toujours été de bon goût dans le cinéma, j’ai eu la chance, étant plus jeune, d’être initié aux films de Jabac, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. Des comédies toujours très drôles, parfois satiriques, voir grinçantes, sachant toujours mettre le doigt là où il faut. C’est donc avec plaisir que je suis retombé sur Cuisine et Dépendances que je n’avais pas vu depuis plus de dix ans.
Jacques (Sam Karmann) et Martine (Zabou Breitman), couple essayant plus de paraître que d’être mais tapant toujours dans la faute de goût, costumes trop grands et robes démodées, se préparent à une soirée avec tout plein d’amis. Toute cette bande ne s’est pas revue depuis plus de dix ans. Certains ont réussi, d’autres veulent le faire croire, comme dans notre société. Parmi les invité, il y a l’ex de Martine, devenu un grand écrivain très médiatisé accompagné de son épouse, une grande journaliste, Charlotte (Agnès Jaoui) qu’aimait sans le dire à l’époque, Georges (Jean-Pierre Bacri) éternel insatisfait dans l’absolu et qui vit chez Jacques et Martine depuis trois mois. A ce petit monde, il faut encore rajouter Fred (Jean-Pierre Darroussin) joueur invétéré, éternel looser, la quarantaine non assumée et accumulant les conquêtes toutes plus vulgaires les unes que les autres.
Suite au retard de Charlotte et son mari, Georges va laisser éclater sa mauvaise humeur légendaire, et ce simple retard ne va être que le prétexte pour laisser éclater des rancœurs et des non-dits mis de côtés pendant plus de dix ans. La cuisine de Jacques et Martine devenant ainsi le théâtre de mises au point, de vidages de sacs, de règlements de comptes que personne n’avait vu venir ! Le contrôle de cette soirée échappant complètement aux hôtes.
On comprend bien à travers cette comédie satirique que l’argent ne fait pas forcément le bonheur, tout comme le fait de le simuler. Il suffit de gratter un tout petit peu en surface pour que tout parte en vrille. Et difficile de faire pire comme mèche déclencheuse que Jean-Pierre Bacri, toujours aussi énorme en éternel colérique ! Tout le casting est exceptionnel, la synergie prend merveilleusement bien, on sent la bande de copains derrière tout ça et encore une fois le duo Jaoui/Bacri fait des merveilles au scénario.
Bref, un véritable plaisir de revoir ce film. Comme toujours avec Jabac notre société est merveilleusement bien dépeinte à travers les portraits des ces personnages caricaturaux. Jacques le gros mou qui cède sans le dire, Martine qui déteste sa vie, Fred qui profite, Charlotte qui rend tout sur elle et enfin Georges qui appuie là où cela fait mal. Ces personnages pourraient être nous.