Stephen King, le Marc Levy du fantastique ?

La question n'est pas trollesque, je me la pose sérieusement.


De "Christine" et sa voiture diabolique qui tue, à "Cujo" et son Saint-Bernard diabolique qui tue, à "Shining" et son hôtel diabolique qui tue, à "Carrie" et son étudiante diabolique qui tue, à "Misery" et sa lectrice diabolique qui tue, à "ça" et son clown diabolique qui tue, ...


A quand l'aspirateur, le congélateur, le frigidaire, la serpillère, le sèche-linge, le fer à repasser, la baignoire, le lecteur bluray, diaboliques qui tuent ?


Ses histoires sont totalement insipides, et laborieusement écrites.
J'avais essayé de lire "désolation" en lâchant au bout de 450 pages (le fourbe fait long!) en pleine agonie.
J'avais retenté le coup avec "Marche ou crève", en m'emmerdant effroyablement, alors que j'espérais y trouver une oeuvre d'anticipation dantesque digne des allégories d'Orwell (et je parle pas du débilos "Running man").
Difficile de plus se fourvoyer...



Et pourtant ça a fait des bons films...



C'est là qu'on mesure le talent de réalisateurs capables de transfigurer un matériau de base assez moisi.
"Carrie, au bal du diable" de De Palma, est un putain de chef d'oeuvre, une claque dans la tronche percutante, un film doté d'un des crescendo les plus impressionnants que j'ai pu voir, avec ce climax dantesque de la scène du bal.
Meilleure scène de bal de tous les temps d'ailleurs, tant elle semble interminable (dans le bon sens du terme), avec cette malheureuse héroïne qui passe par toutes les émotions (des scènes de danse tournoyantes avec son prince charmant, au massacre final), dans un déluge de virtuosité de mise en scène.
Mais l'histoire en tant que telle n'est pas bien folichonne, et pourrait très facilement verser dans le nanar (cf pour preuve le pitoyable remake).


"Shining" est un grand film, mais là Kubrick is in da place, donc c'est normal.
Il n'y a que les fanatiques de King, et King himself pour rager de son infidélité.
Heureusement qu'il est infidèle, et qu'il nous épargne les niaiseries surnaturelles du livre qui auraient ridiculisé définitivement le film.



Une mauvaise histoire + un mauvais réalisateur + de mauvais acteurs + un montage dégueulasse = une catastrophe industrielle = CUJO



Je partais bienveillant pourtant.
La première scène est chouettos comme tout, on se croirait dans "l'Ours" de JJ Annaud, le saint-bernard pourchasse un lapin (le salaud!), mais ce dernier évidemment bien plus rusé arrive à s'extirper de ses grosses babines baveuses.


En plus c'est pas mal filmé par un Jan de Bont qui est un chef op particulièrement réputé et qui a déjà fait quelques miracles sur de très bons films comme "Katie Tippel" de Verhoeven. Ca a de la gueule.


On arrive dans la chambre d'un gosse, on sent que de Bont commence déjà à péter un peu une durite avec son objectif grand angle, et qu'il ne sait pas trop quoi faire en bougeant un peu sa caméra n'importe comment dans tous les sens, mais bon pourquoi pas.


3 minutes pendant lesquelles je me disais "tiens ça va ptêtre valoir un 6 ?".


Ouais mais non.


Le gosse mériterait le prix du pire gosse de l'histoire du cinéma (et pourtant on sait que la concurrence dans le domaine est sauvage), tout y passe, voix de gros golio demeuré (doublage fr hallucinant), crises d'épilepsie, crises d'angoisse, crises de nerfs ... TA GUEULE !


Dee Wallace dans son dernier rôle "mémorable", avant de disparaître des écrans...
Un triangle amoureux ridicule, avec un ex aussi grotesque qu'inutile.
Un montage complètement aux fraises, avec des faux raccords en veux-tu en voilà, des passages du jour à la nuit, et de la nuit au jour dans une même séquence, des scènes qui n'apportent rien au récit...
Des dialogues incompréhensibles, des coups de téléphone qui sortent de nulle part...


Et un chien méchant qui attaque les gens, puis finit par prendre en otage la mère et son fils, coincés dans une bagnole, en faisant le coup du bélier sur les portières toutes les 5 minutes.
Autant dire que les 1h20 du film m'ont semblé en durer 4.


Et le pire là-dedans c'est qu'ils ont humilié le pauvre chien en lui foutant de plus en plus de boue sur la fourrure, jusqu'à la rendre parfaitement dégueulasse. Maltraiter un animal pour un navet, c'est pas cool.


Mais tout est bien qui finit bien, puisque SPOIL, il se fait dégommer salement la tronche au magnum, et la mère et son chiard vont pouvoir retourner au bercail, dans la bonne vieille famille de nouveau unie.


Vive l'Amérique.

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le 6 juin 2015

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KingRabbit

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