On pense mettre les pieds dans une bonne grosse comédie américaine dont on connaît tous les rouages par avance et puis, non, "The D-Train" nous surprend de la meilleure des manières en se révélant bien plus malin qu'il n'y paraît.


On nous présente bien sûr le personnage de Dan (Jack Black) en appuyant sur les ressorts comiques de son côté pathétique mais le film l'aborde avant tout très intelligemment de façon plus dramatique. Il y a en effet quelque chose d'infiniment triste à le voir toujours se retourner vers le passé pour revivre ses années de lycée à travers cette réunion d'anciens élèves qu'il tente désespérément d'organiser. Dan est tellement persuadé d'avoir loupé le coche d'une vie meilleure qu'il néglige son couple, pense que son fils est voué à revivre ses propres échecs et met en danger sa carrière professionnelle pour partir retrouver Oliver (James Marsden), l'ancienne star de son lycée devenu un acteur raté à Los Angeles. L'aveuglement de Dan lorsqu'il se retrouve entraîné dans une bromance avec ce play-boy loser, complètement obnubilé par le fait qu'il ait tourné dans une publicité ridicule (symbole pour lui d'une réussite ultime), achève de nous montrer à quel point le personnage s'est enfermé dans cette idée que sa vie rangée n'a aucun intérêt. Il faudra un électrochoc très surprenant à la fois pour lui et le spectateur (la fameuse nuit) pour qu'enfin il décide d'ouvrir les yeux sur ses frustations les plus profondes.
Le reste du film sera de facture plus classique (Dan touchera le fond avant d'assumer ses fautes) mais conservera toujours ce ton si particulier permettant de vrais moments de comédie au milieu d'une intrigue aux enjeux bien plus profonds qu'on aurait pu le penser.


Et "The D-Train" bénéficie pour ça du meilleur des atouts : Jack Black ! D'une aisance parfaite pour passer d'un registre à un autre, le comédien nous rappelle qu'il excelle aussi dans des tonalités plus dramatiques avec toujours ce talent déconcertant à naviguer entre le rire et le malaise dans une situation qui ne le laissait pas forcément envisager. Il faut aussi souligner la qualité des dialogues et le reste de la distribution toute aussi excellente (James Marsden, Jeffrey Tambor ou encore Kathryn Hahn).


Bien qu'inabouti (la dernière partie aurait pu connaître de plus amples développements), "The D-Train" surprend en déjouant les pronostics de la farce américaine habituelle pour mieux traiter ses personnages attachants aux espoirs malmenés par la vie.
Une "dramédie" peut-être pas incontournable mais plus que plaisante.

RedArrow
6
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le 26 oct. 2017

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