D'une vie à l'autre par Hugo Harnois
Non, vous ne savez pas encore tout sur les nazis et leurs actions inhumaines. Durant la Seconde Guerre Mondiale, des orphelinats destinés aux enfants aryens étaient établis en Allemagne pour préserver la « race supérieure ». De cette manière, des milliers d'enfants ont été retirés à leur mère danoise, suédoise ou norvégienne. Ce film leur rend hommage avec le parcours de Katrine, victime de cette terrible tragédie.
Développer un fait historique méconnu au cinéma peut avoir du bon. Dommage que Maas délaisse un peu trop l'émotion et le facteur humain pour se reposer principalement sur l'Histoire. On ne s'attache pas assez à ces personnages pour les comprendre et entrer en empathie avec eux. Peut-être sont-ils trop froids, ou peut-être encore est-ce cette ambiance scandinave qui nous paralyse ? Comme cette photographie d'extérieur aussi solaire que troublante.
Alors que le début peine à démarrer même si l'on comprend plus tard pourquoi le réalisateur insiste autant sur cette vie de famille, on entre dans ce récit avec une certaine réticence. Idem pour ce final qui aurait pu être dévastateur. Là encore, le réalisateur préfère les silences gênants et les rancœurs inexpressives. D'une vie à l'autre arrive à être efficace du point de vue de son montage narratif. Symbolisant la mémoire défectueuse qui veut effacer pour ne plus souffrir, ces flash-back nous apprennent à quel point l'homme peut être capable du meilleur (la fuite de Katrine) comme du pire (Stasi).
Entre thriller et film d'espionnage, ce film se laisse regarder. Par sa volonté à creuser l'histoire dans ses zones les plus sombres, l'œuvre norvégienne a le mérite de mettre en lumière une actrice trop peu présente à l'écran, Julianne Köhler, déjà visible dans le mémorable La Chute, et toujours aussi persuasive. Ici, D'une vie à l'autre marquera moins les esprits. Honnête mais sans véritable âme.