Les noirs aussi ont le sang rouge

Wah, si je n'avais pas su qu'il s'agissait d'un film de Spike Lee, je ne l'aurais jamais deviné. Bon, on y retrouve quelques uns de ses thèmes de prédilection... mais tout est si mal fichu qu'on s'attend à ce que ce soit l'oeuvre d'un petit jeune qui apprend le métier.

Il y a de bonnes idées dans ce film, c'est indéniable, même si ça a déjà été fait. Mais ça manque de conflits et c'est bien trop linéaire. De ce fait, on s'ennuie et on ne pénètre jamais vraiment l'esprit du personnage principal. Cela a des conséquences sur les dialogues : lorsqu'il compare sa malédiction à une addiction, on ne ressent jamais vraiment cette addiction. Les personnages sont assez pauvrement écrits aussi. Spike Lee se laisse aller à quelques fantasmes bien gratuits, telles que des scènes de sexe qui ne servent à rien. En fait, ça rappelle un peu le cinéma de Blaxploitation, sauf que ça manque de personnages forts, de fun, de tout ce qui rendait ces séries B attachantes (y compris la délicieuse Pam Grier ou au moins une actrice tentant de rivaliser).

La mise en scène n'est pas géniale non plus. Le découpage m'a semblé peu fluide ; les champs et contre-champs, tout simplement, ne fonctionnent pas toujours. L'action n'est pas très bien filmée, surdécoupée par moment, ou juste les angles de vue pas très intéressants... en fait, Spike n'avait vraiment pas l'air inspiré. Puis il y a cette BO... Il est rare que je tique à ce point à ce niveau-là. En soi, les musiques sont sympas, je n'ai rien contre, mais l'association de ces morceaux avec les images ne passe absolument pas. C'est un peu comme si vous mettiez Santana pour accompagner Frodon en terre du milieu... Je suis aussi un peu déçu des actrices, pas très mignonne, alors que les mecs sont bien foutus : c'est de la discrimination !

Bref, un film franchement mou et maladroit dans bien des aspects.