Bon, on ne va pas y passer des plombes non plus, alors résumons en quelques mots : le roman était mauvais, le film l'est aussi. Allez, salut !


Un peu de nuance et d'esprit critique ? Oui, bon, d'accord, je me suis montré un brin lapidaire... Explicitons.
Pour commencer, quand je dis que le roman était mauvais, j'évoque en grande partie le contenu, totalement ridicule, ce qui se peut faire de plus risible en matière de thriller ésotérique, avec complots au long cours, mystères historico-religieux, théories fumeuses... Ce n'est pas un scoop, Dan Brown en a fait son fond de commerce et, bizarrement, a rencontré un succès retentissant grâce à cela. Il n'est pas le seul dans le genre, mais il est celui qui a poussé le triomphe le plus loin, sans doute grâce à un cocktail ajoutant du Léonard de Vinci à la sauce (artiste et personnage fascinant, il est connu de tous dans le monde entier, et fourmille tellement d'aspects mystérieux qu'il pourrait continuer à nourrir des centaines de romanciers sans qu'on en ait fait le tour), pas mal de Paris (avec un paquet de clichés fabuleux, dont le nom du policier : Bézu Fache, il fallait oser, non ? Oui oui, Bézu, comme... ben, il n'y en a eu qu'un de Bézu, celui avec l'accordéon, le béret, le Français dans toute sa splendeur pour un Américain, quoi), et une efficacité dans le rythme et la construction qui rendent Da Vinci Code presque impossible à lâcher. En tant qu'objet littéraire, c'est plus que médiocre ; mais comme thriller, c'est redoutable, dans la grande tradition américaine du genre.


On retrouve donc tout ceci dans le film, qui s'avère fidèle au roman de bout en bout. Le problème, c'est que rien de l'adaptation cinématographique ne vient élever le débat. Ni la mise en scène de Ron Howard, efficace comme il sait faire mais sans génie, sans invention fulgurante ; avec même des idées bizarres (le montage croisé du début : pour quoi faire ?) Ni les acteurs : allez, si, je sauve volontiers mon Paul Bettany chéri, toujours bon quoi qu'il arrive, même dans un rôle plus cliché tu meurs ; ainsi que Ian McKellen, pétillant, qui parvient à faire tenir debout les échafaudages théoriques les plus débiles osés par Dan Brown dans son livre. Sans McKellen, le résultat aurait peut-être été bien pire encore. Alfred Molina s'en sort également, tout comme Etienne Chicot, inattendu et d'une belle sobriété ; on les voit malheureusement trop peu pour en profiter.
A côté d'eux, Tom Hanks fait le job sans forcer, on l'a connu plus étincelant. Audrey Tautou en fait trop, elle surjoue le suspense et son accent français, qui ressort violemment de temps à autre, la dessert un peu. On s'amuse de retrouver Jean-Pierre Marielle dans un blockbuster de ce type, ainsi que Denis Podalydès dans une petite apparition de contrôleur aérien ; on imagine que ces acteurs de talent, habitués au cinéma d'auteur français, ont voulu s'amuser en se glissant dans une énorme machine de ce genre. Quant à Jean Reno... bon ben voilà, Jean Reno, quoi. Qui joue donc Bézu Fache - et on se dit que, oui, finalement. Jean Reno, Bézu Fache, dans l'esprit des Américains... ça coïncide, d'une certaine manière.


Pour finir, un mot pour saluer, tout de même, la musique de Hans Zimmer, plus en retrait qu'elle ne peut l'être dans d'autres films, mais qui sonne très juste. Plus j'explore l'univers musical de ce compositeur, que j'ai longtemps méjugé, plus j'apprends à en apprécier les nuances et la richesse. C'est un détail ici, mais qui compte. D'autres grosses machines américaines ont terminé de couler à cause d'une bande originale ridicule, cela vaut bien de saluer la réussite de Zimmer.


Voilà, je voulais faire court, c'est encore une tartine... Pour un film comme Da Vinci Code, cela valait-il le coup d'user l'encre de l'ordinateur ? Je ne sais pas, vous en laisse juge, tiens.

darthurc
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le 15 août 2019

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