Pour ma part, j'ai passé un agréable moment, ce qui était à peu près acquis et ne signifie pas forcément que le film soit bon : en effet, je suis généralement bon public pour ce type de productions retraçant le parcours d'un artiste au sein de son époque, et au rythme de ses chansons.
A l'image d'un "Cloclo" de Florent Emilio-Siri, d'un "Gainsbourg, vie héroïque" de Joan Sfar, ou même d'un "La môme" d'Olivier Dahan, autant de long-métrages qui ont plutôt tendance à diviser.


Avec "Dalida", on est clairement face à un projet mainstream, un biopic "autorisé" par les ayants-droits et destiné au grand public, même si le film ne se résume pas tout à fait à une hagiographie de la chanteuse italienne.
De toute façon, avec Lisa Azuelos aux commandes (qu'on avait laissé sur le désastreux "Une rencontre"), personne ne s'attendait à un chef d'œuvre intemporel acclamé par les cinéphiles.


De fait, on pourra reprocher à la réalisatrice une mise en scène pantouflarde, très statique, lestée de nombreuses séquences sur scène et en playback. Heureusement que la sculpturale Sveva Alviti aimante les regards, forte d'une ressemblance frappante avec la star et d'un jeu tout à fait acceptable, en particulier pour une débutante.
De même, on regrettera la structure narrative incertaine, souvent plate et illustrative, choisie par Lisa Azuelos, qui aura au moins le mérite d'éviter un récit purement chronologique.


En revanche, la distribution s'avère convaincante, à l'exception notable de Jean-Paul Rouve, pas du tout crédible dans la peau de Lucien Morisse.
La réussite du film repose notamment sur ses deux têtes d'affiche : l'italienne Sveva Alvati dans le rôle-titre, superbe, et son compatriote Riccardo Scarmarcio, qui incarne magnifiquement son jeune frère Orlando, devenu au fil des ans son impresario, comme on disait alors.
On appréciera également les prestations de Nicolas Duvauchelle en comte de Saint-Germain, de Vincent Perez en Eddie Barclay, et de Patrick Timsit en Bruno Coquatrix.


L'autre atout considérable de "Dalida" réside dans la reconstitution clinquante des différentes périodes traversées, de la fin des années 50 aux années 80 : grâce au travail des costumiers, accessoiristes, maquilleurs et autres coiffeurs, on a véritablement l'impression de se replonger dans cette France du passé, avec beaucoup de joie et d'insouciance, ainsi qu'un brin d'amertume et de nostalgie pour une époque que l'on n'a même pas forcément connue...


Ces émotions contrastées sont évidemment accentuées par les chansons de Dalida, bien choisies pour illustrer chaque scène-clé de son existence tragique. Sans être un fan absolu de la chanteuse née en Egypte, il faut reconnaître qu'à l'instar de Claude François, cette artiste populaire dispose d'une collection de tubes suffisante pour emballer avantageusement un long-métrage de cinéma.


Et c'est la raison pour laquelle, en dépit des faiblesses du film, de l'absence de point de vue propre à la réalisation de Lisa Azuelos, j'ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans la vie tumultueuse de Dalida, cette femme complexe et paradoxale qui connut tant de succès, mais dont la plupart de ses amants ont fini par se donner la mort...

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le 16 janv. 2017

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Val_Cancun

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