Le Dalida de Liza Azuelos est pétri de bonnes intentions: on a voulu soigner le casting, miser sur l'extrême ressemblance avec les images d’époque, utiliser à fond le répertoire musical de la chanteuse.
Sur ces points, le contrat est amplement rempli, et le tout est conçu en enchaînant les belles images, au point qu’en en découpant des petits bouts on pourrait créer de belles publicités, ou une bande annonce explosive. L’actrice qui campe la diva est belle, et a quelque chose de magnétique, qui nous aide à oublier qu’elle est trop svelte par rapport à son modèle dont le visage avait plus de caractère..


Le problème c’est que derrière cet extrême soucis des apparences, on voudrait nous montrer Dalida l'intime, la femme blessée, la mal aimée, celle qui peine à exister pour autre chose que son image.
Mai on n’arrive jamais à émouvoir, ou alors trop peu: les dialogues sonnent creux, ils ne sont là que pour appeler la prochaine chanson, et on ne ressent rien de ce qu’ils veulent dire.
Que sait-on de Dalida en sortant de la salle? J’ai appris qu’elle n’était pas aussi égyptienne que je le croyais, qu’elle collectionnait les amants, et qu’elle chantait…


On regrettera le manque de consistance des personnages, l’impression trop lisse de l’ensemble: on entraperçoit le mal-être de la chanteuse, mais on ne le vit que très peu. D’ailleurs on ressent peu de choses durant tout le film, en bien comme en mal, comme s’il était impossible de casser l’image, d’aller au delà de ce qu’on sait déjà, de donner une interprétation à ce que les chansons disent déjà.


On devine l’ombre d’Orlando au dessus de l’épaule de la réalisatrice, on imagine que le culte qu’il a maintenu autour de l’image de sa sœur ne s’éteindra qu’avec lui, et qu’il faudra encore attendre quelques années pour pouvoir rendre hommage à celle qu’on imagine derrière la façade.
Finalement c’est comme si la “malédiction” continuait, et que même le film n’arrivait pas à comprendre la personne derrière la star, c’est comme si une fois de plus elle devait rester une icône, jusque dans ses failles.


L’avantage c’est que le film semble si vide que je me suis penchée sur la question Dalida: je n’ai jamais vu autant d’interviews d’elle que depuis quelques jours, et je découvre qu’elle devait être quelqu’un de très intéressant. Ca vient un peu redorer son image parce que j’ai toujours considéré que c’était la plus ringarde des chanteuses, et je me rends compte seulement aujourd’hui de l’immense star qu’elle était.
Comme quoi j’en ai sans doute appris plus que je ne le pensais.
Mais j’aurais préféré que le film traite mieux son sujet, sans se reposer exclusivement sur son image.

iori
6
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le 25 janv. 2017

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iori

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