Règle N°1 du Dallas Buyers Club: Foncez-le voir!
D’abord passé entre les mains de Marc Forster et Brad Pitt, Dallas Buyers Club est revenu un temps à Craig Gillespie et Ryan Gosling, pour finalement atterrir entre les mains du québecois Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y (2005)) et Matthew McConaughey. Un projet qui aura vu le jour difficilement puisque Matthew McConaughey aura même dû contribuer au financement du film. Dallas Buyers Club offre par la même occasion un retour sur les écrans à Jared Leto après une absence de 4 ans.
Pour resituer un peu le contexte, nous sommes dans les années 80, le virus du SIDA sévit depuis la fin des années 70 et est très peu médiatisé. Par la même occasion, l’avancée scientifique n’est pas encore au point et la médecine ne permet pas à l’époque de trouver un « remède » fiable pour contrer le virus ; les recherches ne sont qu’à leur début.
Dans Dallas Buyers Club, Jean-Marc Vallée s’intéresse à l’histoire vraie de Ron Woodroof (Matthew McConaughey), un électricien qui a été diagnostiqué séropositif en 1986 et dont l’espérance de vie ne devait pas dépasser 6 mois. Frustré du manque d’options qui s’offrent à lui, il décide d’utiliser des drogues alternatives pour compenser sa douleur ; drogues qui seront plus tard autorisées par la loi.
Ce que j’aime chez les acteurs, c’est leur capacité (pour certains) à s’investir pleinement dans leur rôle. Prêt à des transformations physiques ahurissantes, pourtant, pas toujours très conseillées, à l’image de Christian Bale. Et la réussite de ce drame poignant repose essentiellement sur les épaules de deux de ses acteurs : Matthew McConaughey et Jared Leto ont perdus respectivement 17 et 13,5 kg pour leur rôle de Ron et Rayon. Leurs performances ne passeront pas inaperçues.
Matthew McConaughey, l’acteur le plus intéressant depuis deux ans, livre sa plus grande performance, le rôle de sa vie. Son apogée. En jouant un personnage fan de rodéo alcoolique, addict aux drogues, sans cœur et homophobe, on est pourtant rapidement pris d’empathie pour Ron Woodroof, qui par son action illégale (à l’époque) a mené un combat haletant pour faire avancer la cause des malades atteints du SIDA, en prouvant l’inefficacité du système d’aide proposé à l’époque. Ce qu’on aime aussi chez Ron Woodroof, c’est sa répartie, capable ainsi de nous faire sourire même dans les situations les plus dramatiques.
Jared Leto, interprète de Rayon, l’acolyte transsexuel de Ron Woodroof, n’a rien à envier à McConaughey. Il est tellement méconnaissable que sa performance en est fabuleuse. Il s’est approprié le rôle à merveille. Un plaisir de le revoir sur un écran.
Les échanges entre Ron et Rayon resteront l’un des points forts du film : savoureux, parfois cocasses, d’autres moments plus émouvants. Etc. on voit véritablement naître à l’écran une relation à l’amitié très forte.
Là où on peut mettre un bémol sur le film c’est du côté de Jennifer Garner. Son rôle paraît effacé par rapport à ceux de M.McConaughey et de J.Leto. Elle qu’on a plus l’habitude de voir dans des comédies à l’eau de rose, doit porter quasiment à elle seule toute les séquences sur la partie « scientifique et médecine » du film.
Cependant, cela reste très intéressant de voir Jean-Marc Vallée dépeindre d’un côté, l’avancée scientifique de l’époque « trompeuse » et de l’autre, le combat d’un homme pour une bonne cause malgré les nombreux bâtons dans les roues qui lui ont été mis. Film très enrichissant sur les mentalités de l’époque et leur évolution.
Jamais d’esbroufe, souvent saisissant, un moment enrichissant sur une époque et une maladie peu conter au cinéma. Possible d'entendre parler de Dallas Buyers Club aux oscars 2014.