Commençons par l’essentiel. Si ce film est bon, c’est d’abord parce que Matthew McConaughey y est exceptionnel. C’est un acteur en vogue et on ne peut qu’applaudir ce succès soudain, tant la capacité qui est la sienne à briller dans des rôles profondément différents est rare. J’entends d’ici ceux que l’unanimité autour de son talent irrite. J’avorterai donc le reproche le plus évident qui pourrait lui être adressé: non, sa performance ne se réduit pas à sa perte de poids. Il habite pleinement son rôle, si bien que, malgré tous mes efforts, il me fût difficile de reconnaître le protagoniste de True Detective, ma série du moment – série dans laquelle, bien entendu, l’acteur susnommé excelle.
Je ne voudrais pas non plus omettre de citer Jared Leto; si sa métamorphose semble plus évidente parce que radicale, son jeu reste à saluer.

Mais il serait injuste de n’aborder ce film que sous l’angle de ses comédiens. La sobriété de la mise en scène peut passer pour une faiblesse, une absence de vision, mais n’est-elle pas nécessaire pour que soit mis en lumière ce couple d’acteurs?
L’intelligence du réalisateur se dévoile finalement dans sa conduite d’une histoire qui avait bien des raisons de s’enrayer. Combien de films certifiés « histoire vraie » ont traîné avec eux le poids d’une retranscription fidèle, combien seront tombés dans le piège de l’émotion facile? Beaucoup sans doute, mais pas celui-ci, capable de développer son histoire sans jamais souffrir de sa nécessaire cohérence chronologique (avec un bémol néanmoins sur la surprenante ellipse faite en fin de film).
L’évolution du Ron des débuts, dont la vie se résume à son amour du rodéo et des chattes et à sa haine des pédés, vers le Ron sympathique, philanthrope, investi, n’était pas sans péril. Mais elle se fait insidieusement. A tel point que les preuves de sa rédemption ne sont pas tant des preuves que des évidences, et qu’à aucun moment Ron ne semble mythifié.

Dallas Buyers Club n’est pas un film grandiose, ni génial. A défaut, il est un grand film d’acteurs, savamment dirigé, et qui s’assume en tant que tel
Manu-D
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le 4 févr. 2014

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