Qui veut la peau de Ron Woodroof ?
Sorti dans ces frimas d'un mois de Février à peine entamé, Dallas Buyers Club pourrait déjà faire figure de favori dans les "top 20" de 2014 qui ne vont pas manquer de fleurir dès le mois de Décembre prochain.
Malgré une structure assez classique, et une caméra à l'épaule qui fait un peu peur dès le début (scène de sexe saccadé lors d'un rodéo), ce film tourné en moins d'un moins a en effet tout pour séduire.
Grosse affiche avec Matthew Mc Connaughey, la meilleure surprise qui nous soit arrivée d'Hollywood depuis bien longtemps. Ainsi que Jared Leto, dont le jeu incroyablement juste n'est même pas gâché par une débauche de transformation physique et cosmétique. Même le choix de la très évanescente Jennifer Garner est judicieux, dans sa parfaite représentation du médecin très empathique, à la limite de la faute professionnelle pour excès d'humanité...
Le film est bâti sur un découpage chronologique exponentiel, dans lequel les minutes sont comptées au début (on ne lui donne que 30 jours pour survivre) et où les ellipses temporelles sont d'une amplitude de plus en plus importante au fur et à mesure que Ron Woodroof gagne sur la mort annoncée. Cet homme assez brutal dans son approche des autres , et de la vie en général, cet homme a peur au moment de la découverte de la maladie : à ce moment-là, il a peur de mourir plus qu'il n'a une envie viscérale de vivre. Epouvanté par le regard qu'on pourrait poser sur lui, avec cette maladie de Faggots.
C'est la peur nouée au ventre qu'il va apprendre à se battre, contre les préjugés, contre les adversités, contre la FDA (Fuck y'all , dit-il en voyant son logement couvert de graffiti homophobes), sans être manichéen, car l'idée initiale est de se faire de l'argent avec les malades et les séropositifs, tout en se soignant lui-même. Ce n'est qu'au fur et à mesure qu'il change son fusil d'épaule, sans doute dans un cheminement dont il n'a pas une pleine conscience lui-même...
L'intérêt majeur du film est de voir la progression de cet homme condamné d'avance vers la lumière, sa lumière, sans aucun pathos, ni velléité moralisatrice. La présence très émouvante du personnage de Jared Leto apporte un contrepoint nécessaire, et calme la rage envoyée par le personnage principal.
Dans la même veine que C.R.A.Z.Y, ce film de Jean Marc Vallée a une profonde composante d'humanité qui ne peut que nous toucher. L'engagement très personnel des 2 acteurs principaux (amaigrissement extrême, notamment) apporte une couche supplémentaire de crédibilité si c'était encore nécessaire.
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