Il est des films comme ça qui ne nous attirent pas. Mais alors pas du tout.
Dallas buyers club était de ceux-là : un titre à la noix, une bande annonce foutraque, une histoire de sida pas bien folichonne, le tout en mode rétro avec les moustaches …
Et puis ce Matthew MacConaughey méconnaissable depuis Mud ?
Bof. Franchement, non.
Et puis y’a quand même des supers critiques presque partout. Depuis la sortie.
Et puis y’a encore cette re-manif qui s’affiche ouvertement (et sous nos fenêtres en plus !) comme n’étant pas pour tous.
Et puis à Sotchi, y’a les premiers J.hO. (les premiers Jeux hOmophobes) avec en contrepoint, toute une campagne de soutien à la communauté LGBT russe (même gougoule s’y est mis, histoire de redorer son blason olympique à peu de frais).
Alors au bout de deux semaines on se dit que quand même (et puis y’a pas beaucoup d’autres toiles ce ouikende) il faut aller le voir, ce film, ne serait-ce que pour lutter contre les obscurantismes qui nous assaillent de tous bords.

Dans les années 80, c’est le début de la reconnaissance de l’épidémie du Sida. Aux États-Unis, la FDA autorise les expérimentations à hautes doses d’AZT. Un médicament antirétroviral, contesté depuis, aux effets secondaires parfois plus importants que le sida lui-même. Et surtout, la FDA (sous la pression des labos qui gagnent des fortunes avec ce médicament) se refuse à homologuer toute autre thérapie.
Alors à l’époque, pour les malades souvent en phase terminale, tous les moyens sont bons pour prolonger la survie de quelques mois et tenter d’autres médecines que l’on est prêt à aller chercher jusqu’au Mexique, au Japon ou en Israël.
La vente de ces médicaments restant illégale, les “clubs” fleurissent qui, moyennant une adhésion, fournissent leurs “adhérents” (d’où le titre) en diverses substances : protéine miracle, interféron, …
La tri-thérapie n’arrivera que bien longtemps plus tard.
Matthew MacConaughey est un macho texan pur-souche, roi du rodéo et des paris foireux, fêtard invétéré à la vie dissolue, toujours prêt à sauter sur la première bière ou la première bimbo qui passe à portée de main, de préférence en mini-short (la bimbo, pas la bière).
Après un banal accident de chantier, les toubibs de l’hôpital lui annoncent sans ménagement qu’il est atteint du VIH et que au vu de son état déjà bien avancé, il en a tout au plus pour une trentaine de jours. Ooops.
Qu’à cela ne tienne, notre cow-boy se rebiffe et organise son propre “club” pour échapper à l’AZT et faire la nique à la FDA (voir plus haut) et c’est donc l’histoire vraie de Ron Woodroof qui nous est contée ici [photo ci-contre].
Et voici le macho texan plongé au cœur de la communauté LGBT, gravement touchée par l’épidémie - le sida ça n’arrive pas qu’aux autres. Habitué du rodéo à chevaucher les montures les plus rétives sur lesquelles la survie se compte en secondes, son énergie, son envie de vivre et ses trafics de médecines, l’amèneront à survivre bien au-delà des 30 jours qui lui étaient promis par la science officielle.
Ce film mené tambour battant (pas mal d’ellipses accélèrent le rythme) est tout d’abord un devoir de mémoire sur les terribles débuts de cette sinistre maladie du siècle.
C’est aussi un très beau film (du québécois Jean-Marc Vallée à qui l’on devait déjà C.R.A.Z.Y.) sur ces malades dont les jours sont comptés par le virus mais qui ne veulent pas s’en laisser compter par les labos officiels. Des malades en train de partir, aux corps déliquescents : Matthew MacConaughey et Jared Leto ont tous deux perdu plusieurs dizaines de kilos pour le tournage.
Saluons ces acteurs qui, pour un film, sont capables de ces prouesses physiques et jouent de leur corps comme d’un instrument - un violon déchirant ici.
Un film qui devrait être obligatoire pour tous les jeunes (largement présents dans la salle d’ailleurs).
Parce que pour les vieux cons homophobes, il est de toute façon trop tard : on n’a plus qu’à leur souhaiter de surtout ne jamais se retrouver dans la position du père de Jared Leto dans le film.
BMR
8
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le 18 mars 2014

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BMR

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