Adepte des productions potaches entre Austin Powers et Mon Beau Père et Moi, Jay Roach se lance dans le film engagé, mouvance récurrente d’un cinéma américain qui ne craint plus de traiter les points sensibles de l’histoire des États-Unis. Pour autant, la forme fait là aussi défaut par une approche détournée voire fallacieuse de son sujet. Donald Trumbo a été un des grands scénaristes d’Hollywood, plusieurs fois récompensé aux Oscars mais il fut victime de la chasse aux sorcières comme bon nombre de ces collègues. Et oui, il ne valait mieux ne pas être un rouge en temps de Guerre Froide ! Étonnamment, le film ne cherche jamais à expliquer le communisme qui reste une caractéristique du personnage à son désavantage, comme s’il subissait une discrimination d’ordre « naturel » en rapport à sa couleur de peau ou nationalité. Donald Trumbo est socialiste mais jamais on ne sait pourquoi, ni comment il s’implique politiquement. Son combat se résume à faire des films malgré la censure qui pèse au-dessus de ses épaules, même s’il doit bosser sans interruption au fond de sa baignoire. Sa vie de famille est censée être le moteur de l’histoire mais tout est terriblement convenu, comme cette réconciliation avec sa fille ado (jouée par Elle Fanning) à base de caramel beurre salé : « mais papounet, si je suis chiante et rebelle c’est parce que tu es mon modèle ! » Heureusement que papa n’était ni alcoolique ni cambrioleur.


L’après Breaking Bad n’est pas évident pour Bryan Cranston qui peine à convaincre, la faute aussi à une écriture qui ne fait en rien évoluer Trumbo du début à la fin du film. Il y a pourtant quelques points positifs à retenir dans cette reconstitution de l’Âge d’Or du cinéma hollywoodien dans le secret des plateaux et des studios qui rappelle Avé César, somme toute assez proche dans la manière de traiter le sujet (défauts inclus). Il y a de quoi gagner en culture cinéphile avec des extraits de films d’époque, des actualités ou encore l’apparition d’anciennes gloires à l’image d’un Kirk Douglas criant d’authenticité interprété par Dean O’Gorman.

ZéroZéroCed
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le 13 sept. 2016

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