Retracer la vie du célèbre scénariste Dalton Trumbo entre 1947 et 1970, telle était l’ambition de ce biopic. Malheureusement, le film est très conventionnel à l’image de la mise en scène classique et sans éclat. Les quelques effets tentés sont inefficaces
(mélange de vraies et de fausses images d'archives TV en noir et blanc basculant en couleurs sans transition…)
et même ridicules
(reflet sur les verres des lunettes de Dalton Trumbo des identités du réalisateur et du scénariste de Spartacus).
Les interprétations fournies par le casting sont bonnes mais également sans éclat. Décevant sur la forme, le film l’est également sur le fond. Jay Roach tente en deux heures d’aborder tous les aspects du maccarthysme sans en approfondir aucun et sans amorcer la moindre réflexion. Traitement plat et lisse
(les quelques attaques envers John Wayne et Ronald Reagan notamment ne font pas illusion longtemps)
qui ne retranscrit en rien les réelles souffrances vécues par les blacklistés et leurs proches.
Celles-ci nous seront in extremis rappelées par le discours final de Dalton Trumbo en 1970 et par les cartons accompagnant le générique de fin…
Biopic beaucoup trop académique qui échoue à transcender son sujet pourtant passionnant. Un sujet radical dont un traitement du même acabit s’imposait, malheureusement Jay Roach a suivi des sentiers maintes fois empruntés sans pour autant éviter un certain manichéisme. Au bout de son parcours, il obtient un biopic sans âme, superficiel et insipide constellé de clichés
(définition du communisme / partage d’un sandwich, scènes familiales, etc.).