Trimbo à la manière de Breaking Bad

Dalton Trumbo est un des scénaristes les plus importants de l'histoire d'Hollywood. Membre de la liste noire, il est en partie réhabilité par le film de Jay Roach et, surtout, l'interprétation de Bryan Cranston.


À la fin des années 40, le sénateur Joseph McCarthy lance la chasse aux sorcières, ou plutôt aux communistes, jusqu'à Hollywood, enclave libérale dans un pays plongé en pleine paranoïa. Dans la capitale du cinéma, les auteurs sont la cible des dénonciations. Au premier rang desquels Dalton Trumbo qui refuse de répondre à la question "Êtes-vous encore, ou avez-vous été membre du parti communiste ?" Placé sur la liste noire, il devient un paria là où il était roi.


Quand Jay Roach, réalisateur de pochades comme Austin Powers ou Meet the Parents, se prend pour un réalisateur sérieux, toutes les craintes sont permises. Surtout sur un scénario ô combien politique comme l'histoire de cette fameuse liste noire, qui avait déjà donné lieu à un triste exercice d'Irwin Winkler, Guilty by Suspicion.


Académisme et génie


Et les craintes se confirment assez rapidement, avec une reconstitution académique d'un Hollywood idéalisé, tout droit sorti de la naphtaline. Une carte postale sans intérêt sauf quand apparaît le Dalton Trumbo du titre, interprété par Bryan Cranston, Walter dans la série Breaking Bad. L'occasion d'une vie pour cet acteur cantonné au petit écran et aux seconds rôles sur le grand.


Il laisse ici éclater tout son génie, en prêtant sa gouaille héritée de Breaking Bad à ce personnage haut en couleur qu'était Dalton Trumbo. Car si la mise en scène n'est pas à la mesure du propos, le personnage est écrit comme un héraut de la liberté de penser. Par les temps qui courent, il s'agit presque d'une bénédiction.


Bryan Cranston lui offre alors une enveloppe fascinante de crédibilité, qui lui a valu une nomination à l'Oscar du meilleur acteur. La statuette n'aurait pas été immérité face au DiCaprio de The Revenant. Car le film, monolithique, ne tient que par cette performance, immense. Qui donne envie de se replonger dans les chef d'œuvres de Dalton Trumbo, comme l'incomparable Johnny Got His Gun, le mal aimé Spartacus ou encore le libératoire Papillon.

cioran53
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le 27 avr. 2016

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