Aimer Lars van Trier. Aimer se faire avoir. Un pléonasme tant le danois est au cinéma auteurisant ce que Michael Bay est au cinéma tout court.
En dépit d'une légère aversion pour Lars von Trier donc, Dancer in the Dark m'a presque convaincu. Pas beaucoup mais un peu quand même.
Comme à son habitude, Lars te balance dans ta face sa conception très singulière du cinéma. La réalisation ou la photographie ? Pouah, Lars von Trier est au dessus de tout ça, voyons. Un peu plus de 140 minutes à subir un cadreur parkinsonien et une photo atteignant le paroxysme de l'indigence. Dans un mauvais jour, j'aurais indéniablement protesté en posant une galette dans la salle de cinéma.
La BO de Björk, en dessous de ses précédentes productions, et la capacité du danois à prendre un plaisir inique dans la destruction radicale de ses trop fragiles personnages sont autant de repoussoirs supplémentaires.
J'avais de surcroît abhorré Breaking the Waves pour des raisons relativement similaires, pour le personnage d'Emily Watson à la crétinerie accablante, pour le désir irrépressible de secouer cette cruche, de lui ôter son sourire niaiseux avec quelques claques dans la gueule et de l'enterrer vivante, juste pour le fun. Dans Dancer in the Dark, nonobstant les similitudes entre les deux films, étrangement, ça fonctionne.
La force du film ne tient finalement qu'a un fil. Un fil aussi tenu que la résistance de Björk aux assauts psychologiques de Lars von Trier. Malgré la réputation et le tempérament volcanique de la Reykvíkinga, le réalisateur n'a pas hésité à affaiblir son actrice pendant le tournage, pareillement à son personnage. Conséquence, l'islandaise, qui signe alors son premier et dernier rôle au cinéma, donne vie à la frêle Selma de façon tout à fait magistrale, tenant par la même occasion l'intégralité du film sur ses épaules.
Lars von Trier m'a eu, un peu.