Malgré son sujet qui aurait été scabreux en d'autres mains, tout, dans The Danish Girl, est placé sous le signe de la beauté et du raffinement : les paysages, l'histoire et les personnages qui gravitent autour du couple de peintres Wegener. Une beauté qui se voudrait baudelairienne dans le sens "bizarre" mais qui ne l'est point, lissée par la mise en scène trop propre de Tom Hooper (Le discours d'un roi). L'interprétation d'Eddie Redmayne pose problème : il vise trop ouvertement l'Oscar et de sourires en minauderies, il donne de cet homme qui se sent femme à l'intérieur, une image doucereuse dont les souffrances semblent surjouées. Par bonheur, à ses côtés, Alicia Vikander, la nouvelle pépite du cinéma suédois (on aimerait la voir chez Almodovar ou James Gray), joue juste et permet au film de ne pas rester qu'une simple juxtaposition de jolies vignettes. Idem avec Matthias Schoenaerts qui dans un rôle mineur apparait transfiguré, aminci, et élégant. Au-delà de son thème central, traité avec goût mais sans aspérités, on retient l'histoire d'un couple qui dépasse les préjugés dans l'acceptation des souhaits de l'autre. Une histoire d'amour, en somme. Une belle, cela va sans dire.