Vous ne regarderez plus les poires comme avant.

Tout d'abord, je rends hommage au distributeur français, qui a eu la superbe idée de traduire "Saving Mr. Banks", par "A l'ombre de Mary", encore un coup de génie, qui mérite la peine de mort. Fort heureusement, le film ne va pas souffrir de ce choix peu subtil et encore mieux, il va me surprendre agréablement, alors que le pitch ne m'emballait pas.

Un biopic sur l'auteure de Mary Poppins, Pamela Lyndon Travers, au travers (désolé) de son séjour à Los Angeles, ou elle va mener la vie dure à Walt Disney pour l'adaptation de son héroïne sur grand écran, tout comme à l'équipe de scénariste.
Je ne savais pas que Mary Poppins était un personnage d'une série de livres pour enfants et je ne me rappelle pas de la version cinéma, cela remonte à beaucoup trop loin, ce qui est un mal pour un bien, j'ai pu vivre l'histoire, sans aucune influence.
Le casting est formidable, évidemment Emma Thompson domine tout ce petit monde et d'ailleurs, je me demande pourquoi elle n'a pas été nominé pour l'oscar de la meilleure actrice, le film est sorti trop tard ? Peu importe, elle est parfaite en femme de caractère, dont l'élaboration du scénario, va l'a ramené à son enfance douloureuse et redonner vie à l'enfant qu'elle était. A la fois dure, drôle puis émouvante, on suit avec plaisir son évolution et même s'il est connu d'avance, s'il ne surprend pas, c'est le traitement de celui-ci, qui confère tout son charme, en passant du rire aux larmes, un mélange d'émotions comme seul le cinéma est capable de m'en offrir.
Sa relation avec son chauffeur Paul Giamatti est tout aussi passionnante, il garde sa bonne humeur malgré les sarcasmes de cette dernière, tout en nous offrant un beau message "on ne juge pas sans savoir", cela peut paraître naïf, mais on l'oublie trop souvent, je peux en témoigner, j'en suis la preuve encore vivante. C'est un film Walt Disney, il est rempli de bons sentiments, il semble mièvre aux premiers abords, mais dans un monde en crise ou chaque jour un conflit éclate, il fait du bien au moral, on n'en sort ému et souriant.
Ses rapports avec Tom Hanks sont tout aussi intéressant, mais ils m'ont moins emballé, rien de bien grave, mais je préfère ses affrontements avec les scénaristes et compositeurs : Bradley Whitford, B.J. Novak et Jason Schwartzman et si vous restez sagement assis sur votre fauteuil jusqu'à la fin du générique, vous aurez une bien belle surprise.
L'histoire est faite de flashbacks, on découvre l'enfance d'Emma Thompson, de ce père rêveur incarné par Colin Farrell et de sa mère Ruth Wilson, une famille qui semble vivre dans la joie, avant de découvrir l'alcoolisme du père, qui va causer la perte de celui-ci, tout comme celle de sa naïveté, une enfant qui a dû grandir trop vite, qui va s'inspirer de sa tante pour créer le personnage de Mary Poppins, mais aussi sauver son père au travers de ces récits.

Une bien belle surprise, John Lee Hancock devenant un spécialiste de la comédie dramatique, après le réussi "Blind Side", il confirme le bien que je pense de lui, un réalisateur à suivre, qui aime les personnages de femmes fortes et sait tirer le meilleur de ses acteurs, la preuve avec Colin Farrell, un acteur d'habitude insupportable, qui retrouve un peu de son talent perdu depuis "Tigerland".