Séduisant par sa forme et son scénario, Dans la brume ose le film catastrophe made in France sans se soucier de la rareté du genre dans la filmographie française. Pour le coup, difficile de se plaindre de déjà-vu, surtout quand l'action se concentre en plein Paris post-apocalyptique. Le réalisateur québécois, Daniel Roby, dont c'est le premier film, a le don du rythme haletant, de la tension omniprésente et des rebondissements imprévisibles... Cependant, la sphère intimiste du scénario permet au film de développer, en parallèle de la catastrophe écologique, un drame autour d'une famille atypique. Une émotion franche vient donc s'entremêler à la survie et aux scènes d'action étouffantes, donnant une empreinte singulière au film. Malgré quelques incohérences (par exemple, le couple de retraités vivant au dernier étage d'un immeuble sans ascenseur), on se laisse submerger par cette menace palpable aux origines mystérieuses, nous coupant toutes envies d'aller prendre le métro ou tout simplement de vivre à Paris... Romain Duris et Olga Kurylenko, entre retenue et humilité, poussent leurs personnages dans leurs retranchements, entre instinct de survie et émotion. A leurs côtés, le couple de retraités (Anna Gaylor et Michel Robin) apporte un décalage très touchant et bienveillant face à la menace qui gronde. Les choix esthétiques sont surprenants, de cette brume aux teintes presque irréelles à cette bulle coupée du monde où vit Sarah (Fantine Harduin), leur fille atteinte d'une maladie génétique rare l'empêchant de vivre dans l'air ambiant. Les plans aériens de Paris anéanti par cette brume sont très beaux, rendant compte de la qualité des effets visuels qui sont une franche réussite, sans pourtant en abuser ! Pas de temps mort, une urgence presque immédiate qui nous coupe le souffle (c'est le cas de le dire !) mais qui, sur certains points, nous laisse sur notre faim, notamment sur l'évolution de la catastrophe qui ne laisse apparaitre aucun signe d'espoir... L'habilité astucieuse du scénario dissémine beaucoup d'éléments pour nous fournir des informations implicites mais utiles pour nous faire notre propre idée de la situation. Dans la brume est aussi surprenant que réussi et mérite d'être remarqué pour son originalité et son traitement du genre à la sauce française.