Ozon est dans la maison et moi sur le paillasson
François Ozon n'est pas un réalisateur que je suis fidèlement. Mais je ne suis pas persuadé de ne jamais être séduit.
Mais cette séduction n'a pas eu lieu dans cette maison. J'ai été un peu étonné de l'écriture très précise de ce film, chose assez rare chez Ozon. En effet, ses films m'ont peu marqué au niveau des dialogues. Ozon est un cinéaste des idées. La principale étant de placer un élément perturbateur au milieu d'une situation et c'est cet élément qui révèle l'ensemble des situations.
Pour ce film, je n'ai pas compris pourquoi la mise en scène ne jouait pas sur la temporalité. Le sujet central est le questionnement du couple de lecteurs sur la réalité du récit. Or, les premières scènes dans la famille des Rapha sont amenées par la lecture a haute voix de Luchini. Ensuite, c'est la voix du jeune Claude qui devient le narrateur de ces scènes. La mise en scène ne met jamais le doute dans le réalisme des récits de Claude. Et quand c'est le cas, les situations sont dénoyautés très rapidement. Ainsi, Luchini encourage sans aucun doute le voyeurisme de son élève alors que Kristin Scott Thomas est un peu gênée par cela. Mais aucune vraie discussion à ce sujet. La cohabitation entre les lecteurs et ces personnages de fiction (la famille Rapha) était tellement vraie que la surprise de Kristin Scott Thomas de voir en vraie les héros des récits de Claude était étrange. En effet, ils faisaient tous partie du même monde et la même temporalité. Ce sujet m'intéressait mais pas assez Ozon pour en faire un axe de mise en scène.
Donc Ozon met de côté le questionnement autour du sujet des petites fictions de Claude au profit des discussions sur le style et la démarche d'écriture. Le personnage de Luchini prend une réelle place, étant à la fois le prof, le lecteur et le guide du jeune Claude. Cette idée prend un impact sur la mise en scène. Luchini apparaît dans les scènes de la vie des Rapha et devient observateur.
La mise en scène d'Ozon présente son intérêt pour le personnage de ce prof. On peut alors se demander à quoi servent les autres situations, le personnage de Kristin Scott Thomas,... Ces sujets sont amenés par le récit mais seulement par les mots. Les images révèlent autre chose. Ozon, comme dans 8 femme et Potiche, prendre des histoires principales pour mettre en avant seulement quelques aspects secondaires voire tertiaires.
Le cinéma que j'aime et que je défend est un cinéma de fictions où l'histoire principale expliquée par les mots (situation et dialogues) est amplifiée par des images, un jeu d'acteurs, par des sons et toute une ambiance.
Ozon ne crée toujours pas une ambiance de film. Il continue de déplacer sa caméra dans des maisons (lieu commun entre nombreux films) et je reste sur le paillasson.