Tu m'écriras cent fois : "je ne dois pas pénétrer chez un camarade pour pécho sa reum"

François Ozon commence à se faire un nom en majuscules dans le cinéma français. Si sa nouvelle composition n'a pas autant de retentissement que Huit Femmes ou encore Potiche, il n'en reste pas moins excellent et se rapproche d'une leçon de littérature. En effet, Dans la Maison traite d'un exercice qui va trop loin pour l'élève et surtout son professeur qui le pousse à aller plus loin. Au final, ce n'est pas tant l'histoire de ce gamin déterminé mais bien celle de ce prof, un homme aigri qui a perdu le goût de l'enseignement (en témoigne cette excellente scène avec sa femme où il parle de sa nouvelle classe). Il va le retrouver en tombant sur ce jeune homme doué et machiavélique, celui qui pourra lui succéder et même le surpasser (Germain est un écrivain raté).

Plus le récit avance et plus le jeune Claude s'enfonce dans cette maison où vit la famille de son camarade insignifiant Rapha avec son père commercial beauf et surtout sa mère, femme au foyer plus ou moins abandonnée dont la dernière passion est de penser à changer le décoration. La pression augmente progressivement jusqu'à atteindre le point de non retour pendant que le lecteur des copies de Claude se délecte inconsciemment de ses péripéties. Toute l'énigme du film tourne finalement autour de celui qui tire les ficelles : est-ce Germain qui pense avoir trouvé une pépite ou est-ce Claude dont le désir le plus cher est de séduire la mère de son camarade ?

Tout ce qu'il arrive est cohérent même certaines situations sont assez improbables. A certains moments, Claude écoute les conversations des parents de Rapha en se cachant mais franchement... Tout le monde pourrait le voir ! A croire que les personnages ont des oeillères ! C'est un point qui m'a beaucoup dérangé.
Pour ce qui est des acteurs, c'est excellent. Ernst Umhauer impressionne malgré son manque d'expérience (c'est son deuxième film) et on le reverra très bientôt. Denis Ménochet et Emmanuelle Seigner sont très crédibles en couple faussement soudé. Kristin Scott Thomas a toujours la classe. C'est surtout Fabrice Luchini qui excelle dans le rôle de Germain, la définition parfaite du prof de français aigri et démotivé. Il a ce ton plein de venin quand il veut critiquer quelque chose, notamment le travail de sa femme. Il élève largement le film qui aurait pu être exceptionnel. Il manque pas grand chose à Dans la Maison qui jongle habilement entre comédie et thriller.
marckpedro
8
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le 21 févr. 2013

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Kaal Pedro

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