J'en attendais sûrement beaucoup de cette histoire de maison hantée. Dès les premières minutes, un air de déjà-vu se fait sentir alors qu'un couple de citadins emménage dans une vielle bâtisse à la campagne, avec leur fille unique. D'apparence parfaite et garante d'un nouveau départ, le lieu se révèle hanté par l'esprit des propriétaires passés. Rien de bien nouveau à se mettre sous la dent me direz-vous... C'est le couple de réalisateurs, Shari Springer Berman et Robert Pulcini, qui tiennent les rênes de cette adaptation de roman. Ce qui distingue cette intrigue, c'est son point de vue féminin et son cadre temporel du début des années 80. J'ai également apprécié le contexte mystique du lieu choisi. Il s'agit de l'endroit où est née la légende du Cavalier sans tête et la plupart des personnages semblent ouverts, voire accommodés, au monde du surnaturel. L'épouvante se veut ici plus émotionnelle et intègre la thématique du féminisme pour réfléchir à la violence du genre horrifique. La très belle Amanda Seyfried est au centre de l'image et du récit et alors qu'elle nous parait comme ayant très peu de libre arbitre (une femme au foyer anorexique subissant les choix de son mari), souvent représentée en train d'effectuer des tâches quotidiennes, son intérêt réside dans sa compassion et sa sensibilité. Ces qualités lui permettent d'entretenir un lien invisible avec les âmes pacifiques de la maison. Alors, ça ne fait pas peur, qu'on se le dise. Cela dit, le côté maléfique est bien présent mais obstrué par le parti pris du féminisme. Un autre film avec le point de vue du mari aurait été bien plus violent et proche de Amityville : la maison du diable ou Shining. Là, bien que le matériau de base soit revisité, on a droit à une succession de signes fantomatiques particulièrement faibles et peu novateurs, et un mari qui perd peu à peu toute bienveillance, sombrant dans une folie au combien prévisible, rappelant une fois encore les classiques précédemment cités. Sans savoir qu'il s'agissait d'une adaptation de roman, j'ai trouvé que la mise en scène s'éparpillait dans une multitude de détails pour signifier l'étrangeté du lieu et la plupart des interactions avec les personnages secondaires ne servent à rien sinon à aboutir dans les lieux communs du genre. Il y a des bonnes pistes mais pas totalement exploitées : je pense par exemple à l'axe pictural du récit ou encore les personnages des deux adolescents ayant vécu dans la maison. Donc finalement, le message sur les femmes opprimées par un patriarcat étouffant est flouté et laisse la place à un thriller débridé, pauvre en effets, en frissons et en inventions. Ha oui, et je n'ai absolument pas saisi le sens du titre...