Cela fait quelques années déjà que j'ai chopé ce film en seconde main. Je connaissais la réputation désastreuse du film passé au cinéma, mais j'ai un jour entendu dire que la Director's Cut était réellement bonne. Donc quand je suis tombé sur le DVD en bon état dans ce bac rempli de pochettes grasses, je me suis laissé tenter. Mais bon, je ne vous cache pas qu'avant de le lancer je me suis dit : "houla, je me demande comment un montage pourrait vraiment rendre un film de super héros plus intéressant, faut vraiment être un gros fanboy de Marvel pour aller crier ça sur les toits". Je me suis alors imaginé le type grassouillet, transpirant de partout qui ne jure que par la fidélité des adaptations (image empruntée à ces nombreux films des années 90-2000 traitant de ces losers). Maintenant, j'avoue être capable d'apprécier des films de ce genre, mais c'était bien avant que Marvel n'impose son industrie il y aura déjà bientôt 10 ans. Ainsi donc j'ai aimé "Darkman", j'ai aimé "The Shadow", j'ai même apprécié "Howard the Duck", j'ai passé un bon moment devant les "Spiderman" de Sam Raimi. Aucun des ces films ne sont parfaits (j'ai quand même adoré "The Darkman") mais ils sont plaisants, ils ont une identité déjà. Et ce film-ci s'en rapproche fortement. En fait, on dirait mêe qu'il a été réalisé avant la trilogie de l'araignée réalisée par Sam Raimi.


J'ai beaucoup apprécié l'identité visuelle de ce film. Ce n'est pas convenu comme tous ces Avengers à noix, on ressent ici une réelle influence de la BD (je n'ai pas lu spécifiquement les comic books de ce DD, mais j'ai déjà feuilleté plusieurs vieilles BD américaines et par les cadrages, par les noirs et blancs, j'ai ressenti cette influence comme étant majeure). Et ça en jette ! C'est chouette d'avoir de tels décors, de telles ruelles. Même les effets de couleur sont chouette, avec ce rouge qui ressort toujours bien. Pour une fois, le costume du super héros ne m'a pas paru ridicule (au contraire de la série où j'ai bien ri dan l'épisode final de la saison 1) sans doute parce que le contexte va avec (parce que bon, quand on voit Thor ou Captain America dans un univers aussi proche du nôtre, je ne peux que trouver cela idiot.


Là où le réalisateur s'en sort le moins bien, c'est dans les combats : on sent bien qu'il y a des câbles, que les acteurs ne sont pas des pro de la castagne, que c'est par le montage qu'on fait passer les choses. Mais en même temps, je dois dire que j'ai mille fois préféré ça aux scènes animées numériquement comme j'en ai encore vu dans les derniers en date Deadpool et Ant-man. Parce que bon, je préfère l'effet artisanal à l'effet numérique qui n'a aucune beauté visuelle. Ainsi donc le combat sur la balançoire, on n'y croit jamais vraiment, mais ça semble assumé. Parce qu'une autre qualité de ce film, c'est que le réalisateur, même s'il a des choses à raconter, ne se ment et ne ment pas à son public : ça reste un truc d'ado qu'il nous présente. Du coup on est toujours dans la surenchère, oui, de façon idiote et bourine, mais assumée et finalement très ludique. Ce combat sur la balançoire je l'ai trouvé très fun. Comme beaucoup d'autres. Y a des clins d’œil à Matrix et d'autres films, de façon très enfantine, ça fait sourire.


Et puis il y a quand même de très bonnes idées, comme la vision radar du personnage ! Ce n'est pas le genre de truc que j'imagine dans un Marvel aujourd'hui, et c'est vrai que c'est parfois un peu brouillon... mais globalement ça fonctionne bien, ça ajoute un plus à l'identité visuelle : on a enfin un film de superhéros qui se démarque des autres, qui propose de vraiment pénétrer l'esprit de ce type en costume.


Et faut dire que le personnage est sympa. Il reste des choses sous-exploitées, comme le fait qu'il se shoote au médoc pour faire passer la douleur (ce qui le rend vachement plus humain et donc accessible) ; le côté torturé passe bien aussi, on en fait pas trop et ça ne repose pas juste sur les responsabilités ou encore sur une histoire d'amour. Le type veut juste faire passer justice. À cet égard, la résolution m'a paru un peu incohérente dans un premier temps, mais quand il poursuit son explication, j'y ai décelé un zeste de sadisme qui fait que finalement, ça passe quand même. Pareil pour l'histoire d'amour, elle est plutôt bien utilisée ici ; j'ai cru comprendre que dans la version ciné, ça sert surtout de prétexte à une vengeance classique, alors qu'ici il y a quelque chose qui rappelle la tragédie : j'ai vraiment été surpris par le déroulement des événements. Ne fut-ce que la confrontation entre DD et Elektra est super belle (dommage que ça ne soit pas un peu plus exploité). Pff, ça fait un peu pitié, d'ailleurs, de lire que Stan Lee n'a pas aimé ce film car il est trop tragique ! C'est justement là que le concept dépasse un peu le projet pour ado boutonneux, j'ai pour al première fois ressenti une influence du théâtre Shakespearien ou encore du théâtre Grec, l'intrigue ne se résumant pas à des types en costumes se filant des pains dans la tronche.


Et puis tous les personnages secondaires sont intéressants. Ils sont trop nombreux, c'est certain, mais ils sont vraiment tous très chouettes à suivre. Kingpin est vraiment méchant (la scène où il tue gratuitement ses gardes est très fun), le Tireur est un jobard délicieux à suivre, Elektra est un personnage dont on comprend l'évolution psychologique. Dommage pour le journaliste qui perd toute sa crédibilité à la fin du film (autant ne rien montrer plutôt que montrer ça, au moins il reste un doute).


Le film est long, mais ne paraît pas long. Faut dire que le scénario est épuré malgré tous les personnages, le réalisateur privilégie des moments contemplatifs (action) et ne tente jamais de rendre son intrigue complexe. Cette affaire devant les tribunaux, par exemple, on ne fait pas semblant qu'elle est complqiuée, au final le héros passe très eu de temps dessus alors que dans les Marvel d'aujourd'hui on nous fait croire à un truc 'bigger than life' alors qu'il s'agit d'une simple quête où il faut trouver tel ou tel objet et par la même occasion sauver l'univers. D'ailleurs il y a un côté très terre-à-terre qui est plaisant : on ne détruit pas la ville entière, on se contente d'une église sur la fin, et pourtant ça fonctionne, c'est spectaculaire.


Quand j'ai vu les premiers combats du héros, je me suis dit : ho non, ça y est, encore un personnage censé être différent des autres mais où au final on doit se contenter d'une épreuve de force. Et bien non, ici, il y a un réel effort pour mettre en avant la particularité du héros. Le combat dans l'église, même s'il est moche visuellement (c'est là où il y a le plus de CGI à la minute), même si le dénouement est un peu facile (le sniper qui tire un coup de nulle part) a au moins le mérite, comme les autres scènes d'action d'exploiter le fait que DD a besoin de ses oreilles bien bien se rendre compte de ;la position adverse. mais bon, 'est là aussi où au final il tape en faisant mouche sans devoir au préalable tâter le terrain alors que même contre Kinbgpin, combat très bref, le héros utilise la projection de flotte pour localiser l'adversaire. (ah et j'en profite pour aussi dire que narrativement, la chute de l'église est incohérente de même que certains sauts du héros faisant fi de la gravité alors que jusque là ça pouvait être plausible ; c'est bizarre hein, mais malgré l'univers cartoonesque, les auteurs ont réussi à instaurer quelque chose de plus réaliste à ce niveau-là, on ne part pas dans le méga spectaculaire que l'on connaît aujourd'hui avec des personnages invincibles).


Les acteurs sont bons aussi. Ils ont tous bien compris qu'ici il ne fallait pas se la jouer trop sérieux ! Ben est idéal ; je trouve qu'on retrouve un peu de sa rage dans son interprétation de Batman, sauf que le scénario est ici bien plus idéal pour le mettre en avant. Colin Farrell est excellent, il joue le toujours aussi bien le fou, son jeu de regard est très amusant ; Favreau est rigolo ; Jennifer Garner est assez chouette aussi, à la fois forte et capable de tendresse ; Michael Clarke Duncan est le gros bourrin par excellence. Les rôles secondaires s'en sortent très bien aussi.


Bref, j'ai trouvé le film très fun malgré quelques défauts narratifs et un découpage parfois limite même si je préfère son côté artisanal aux esbroufes des studios d'aujourd'hui. Comme quoi un film de super héros peut être fun quand l'équipe ne le prend pas trop au sérieux. En fait, je pense qu'avec 10-20 minutes de plus, les auteurs auraient pu approfondir certaines thématiques sous-traitées et donner ainsi plus d'ampleur à cette belle adaptation d'une BD.

Fatpooper
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le 26 déc. 2016

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