Cher Tim Burton,

Ce n'est pas sans une certaine amertume que je t'écris ces quelques mots aujourd'hui pour te signifier qu'entre toi et moi, tout est fini. Non, n'insiste pas, la rupture couvait depuis près de 5 ans, malgré mon impasse sur un Noces funèbres un peu trop caricatural et un Charlie et la chocolaterie pourtant passable. 5 ans, la sortie de Sweeney Todd, à qui je reconnaissais certes une certaine originalité mais où déjà tu flirtais avec la facilité et, pire, commençait à me tromper avec le numérique. Car c'est bien là ce que je te reproche le plus : ton adultère t'ayant poussé à renier ta profession de foi artistique.

Que de bons souvenirs nous partageons encore aujourd'hui quand je revois Beetlejuice, Batman ou Sleepy Hollow, avec ses effets spéciaux traditionnels, faits main, parfois dépassés voire ringards pour les jeunes puceaux emo que tu tentes de séduire aujourd'hui, alors qu'il y a dix ans tu n'avait d'yeux que pour les gothiques, les vrais, les expressionnistes pour qui Ed Wood est un orgasme permanent. Tu te complais désormais dans la médiocrité visuelle, n'ayant même plus le courage de filmer une forêt naturelle au profit d'une recréation virtuelle. Pauvre Tim, plus attaché à ton fauteuil doré de Disney qu'à un plateau de tournage digne de ce nom ! Exit les cimetières et maisons hantées, fussent-ils en studio, place à un écran vert. De l'originalité à la banalité d'un Hollywood standardisé où le véritable réalisateur de film n'est autre aujourd'hui que celui capable d'utiliser les logiciels informatiques de post-production.

Dans cette histoire, même notre ami Johnny n'y croit plus, enfermé dans la parodie de ses propres rôles chez toi comme tout Hollywood tend à l'enfermer le reste du temps dans le personnage de Jack Sparrow. Un acteur si brillant, capable de 1001 facéties de jeu, écrasées ici sous un maquillage certes moins horrible que celui d'Alice mais tout aussi honteusement bâclé. Et la poitrine sublime d'Eva Green n'excusera pas la présence inutile d'Helena Bonham Carter.

Je préfère en rester là, ne pas aborder les sujets qui fâchent, dont tu connais pourtant les fondements entre l'utilisation calamiteuse faite de Jackie Earl Haley et un scénario aussi essoufflé que ton génie, ponctué à la fois par un twist ridiculement grossier et une ultime séquence digne d'un Twilight à peine amélioré. Non, Tim, plus rien n'est possible entre nous, les souvenirs d'un bonheur passé n'excusant pas les égarements d'un présent affligeant. Si dans tes films les morts semblent plus joyeux que les vivants, ce n'est visiblement pas le cas de ton défunt talent.
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le 31 mai 2012

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