Le retour du vieux couple

On ne change certes pas une équipe qui gagne, mais à force cela devient presque lassant et un peu facile. Burton et Depp remettent le couvert une huitième fois, pour un long métrage haut en couleurs, avec quelques reflets fades malgré toute leur bonne volonté. En cause, un scénario un peu faiblard, mais l’univers du réalisateur le plus excentrique d’Hollywood fait mouche une fois de plus.

Dark Shadows est l’adaptation d’une série des années 70. La dite série a marqué toute une génération aux Etats-Unis, y compris Johnny Depp, qui achète les droits cinématographiques il y a de cela environ dix ans. Sans surprise, il confie la réalisation à son ami Tim Burton, qui y insuffle son univers singulier.

C’est l’histoire d’une famille qui arrive sur le nouveau continent au milieu du 18ème siècle pour faire fortune, en l’occurrence dans le domaine de la pêche. Le fils, le jeune Barnabas Collins est dans le collimateur d’une jeune fille follement amoureuse de lui, mais le jeune Collins en aime une autre. Furieuse, la jeune fille qui s’avère être une sorcière, lui inflige le châtiment ultime en le transformant en vampire et en l’enfermant dans un cercueil pour l’éternité.

On le déterrera 200 ans plus tard, au détour d’un chantier. Nous sommes alors au milieu des années 70. Le vampire retourne dans le manoir qui lui servait de domicile à l’époque, et qui est aujourd’hui habité par ses successeurs. Entre découverte des nouvelles technologies et découverte de sa nouvelle famille aussi hétéroclite que barrée, notre vampire excentrique va avoir du pain sur la planche… d’autant plus qu’un élément supplémentaire va venir pimenter ce come-back inattendu.

La famille Collins presque classée au troisième plan, fait office de remplissage, et on aurait eu envie d’en savoir plus sur eux, ou ne serait-ce que les voir d’avantage à l’écran. Dark Shadows aurait plutôt mérité une réadaptation sous forme de série, tant les possibilités sont multiples. Le format balaye forcément certains personnages en vitesse et c’est quelque peu frustrant.

Au niveau du casting, on soulignera le personnage d’Helena Bonham Carter en psychologue alcoolique, celui d’Eva Green en sorcière business woman obsessionnelle et sans pitié, et bien sûr celui de Johnny Depp qui malgré un énième rôle excentrique parvient à habiter parfaitement ce personnage de façon amusante.

Le pitch est plutôt original et il y avait de quoi faire, mais le film reste constamment en demi-teinte, ne choisissant jamais réellement con camp, entre film d’action-fantastique et comédie burlesque. On aurait espéré un univers plus poussé dans le comique-décalé. Certes, certaines répliques sont plutôt marrantes, mais pas de quoi se taper la cuisse non plus. Les scènes d’action quant à elles sont bien mises en scène avec des effets spéciaux pas extraordinaires, mais suffisants pour convaincre.

Burton accouche d’un bâtard sympathique, mais surtout frustrant par les possibilités qu’il laisse entrevoir. Un Tim Burton de plus, oui, mais qui vaut tout de même la peine d’être vu, pour son univers très graphique et ses personnages hauts en couleurs.