Enième trilogie adolescente tirée de best-sellers d'une spécialiste du genre dont la plume parait essentiellement guidée par une recette éprouvée destinée à vendre des bouquins, ce Darkest Minds ne s'annonce donc pas sous les meilleurs auspices. Pour enfoncer le clou on nous le vend avec le label "par les producteurs de Stranger Things", preuve de l'incontestable popularité de la série Netflix, mais qui fait un peu pub tirée par les cheveux afin de raccoler le chaland.
Nous voilà donc embarqués dans un monde où un mystérieux virus tue 90% des enfants, et les 10% restants développent des aptitudes façon mutants les condamnant à être enfermés par la société, quitte à bafouer la constitution dans les grandes largeurs.
Si on accepte cet étrange postulat de départ qui repose sur pas mal d'étrangetés:
- La population accepte sérieusement sans broncher de voir tous leurs derniers enfants être enfermés dans des camps de concentration? Même ceux qui ne sont pas dangereux?
- D'ailleurs les "verts" qui ont uniquement des capacités intellectuelles exacerbées seraient pas plus utiles à autre chose que de cirer des pompes dans un hangar??
- Quel avenir pour un pays sans jeunesse, est-ce vraiment la seule idée des politiques pour le futur? Ca n'a aucune logique. Le pays et l'humanité sont condamnés à disparaitre sans enfants.
- Ou un détail gênant qu'on évite d'expliquer, l'héroïne s'efface, sans vraiment le faire exprès, du souvenir de ses parents au tout début, qui ne la reconnaissent plus... ok, mais et sa chambre? Ses affaires? Les photos de famille? Hummm...
Bref des mutants écartés du reste de la population, ça rappelle vaguement les thématiques de X-men non?
Pour bien nous simplifier la tâche, les enfants ont tous le même genre de capacités, classés par couleurs et dangerosité. Vert=intellos, bleu=télékinésie, or=électricité, rouge=feu, orange=contrôle des esprit. Notre jeune héroïne de 16 ans (une fille de 16 ans, c'est la norme dans ce genre de récits, Hunger games, Divergente, et plein de teen-novels ont l'exact même profil d'héroïne... pas de recette hein?), est évidemment une orange, classement hyper rare vu qu'ils ont tous été exécutés sans sommation par les autorités. Et la voilà qui part en compagnie d'un petit groupe après son évasion à la recherche d'une sorte de sanctuaire. Là encore ça sent le réchauffé. Et bien entendu le groupe sera composé d'un vert (le geek à lunettes), d'un bleu (le futur boyfriend) et d'une or (la petite fille muette) mais pas de rouges, on les garde pour faire les méchants (il seront très mal utilisés dans le film d'ailleurs, dommage). Tout ça est très schématique et sans aucune surprise (on sent tout arriver à l'avance).
Alors le film en lui-même se laisse regarder sans déplaisir, je n'ai pas été très méchant sur la note (j'aurais pu mettre moins), il y a même quelques jolis moments. Mais sans une once d'originalité, on se contente de reproduire une recette et des schémas, du coup ça ne décolle vraiment jamais, et ça ne se démarque pas.
Le jeune cast se débrouille dans des rôles très typés, même si j'ai tendance à préférer Jennifer Lawrence ou Shailene Woodley, mais ça part vite dans la caricature sur les seconds rôles.
La réalisatrice Jennifer Yuh Nelson, dont c'est le premier film live après 2 épisodes de Kung-fu Panda, se débrouille comme elle peut avec un budget serré qui empêche le projet d'avoir plus d'ambitions, c'est assez anondin et plutôt passe-partout. Je n'y ai pas retrouvé l'inventivité d'un Brad Bird lors de son passage au film live par exemple.
Peut-être que tout ça prendra un peu d'ampleur et d'intérêt avec les suites mais vu le bide au box-office US on peut penser qu'elles ne verront jamais le jour et que ce film rejoindra la liste des sagas avortées du genre (La 5ème vague, A la croisée des mondes, The giver ou le dernier Divergente). En tout cas en l'état il manque vraiment quelque chose pour égaler la saga Hunger Games.