Darling
5.9
Darling

Film de Mickey Keating (2016)

"La descente aux enfers, au propre comme au figuré, d'une jeune femme qui va sombrer dans la plus pure folie. À moins que la demeure, dans laquelle elle vit, soit responsable de sa déchéance mentale..."


Voilà le pitch de ce film qui peut sembler anodin et sans intérêt.. Merci. Merci à Mad Movies de m'avoir fait découvrir ce film. Une vraie petite merveille du cinéma indépendant et du cinéma de genre, du cinéma d'horreur. Une nouvelle preuve que quand on a du talent, avoir un tout petit budget n'empêche pas de faire un excellent film. Je suis sous le charme de cette oeuvre et il me tarde de découvrir d'autres films du très jeune et productif Mickey Keating, qui m'a tout l'air d'un petit prodige. Il n'a qu'une vingtaine d'années, et pourtant quelle maîtrise, waouh, je suis sur le cul.


Quelle parfaite gestion de tous les paramètres qui font qu'un film peut nous mettre mal à l'aise.. Car c'est vraiment ce que j'ai ressenti durant ces 1H15 de film. J'étais terriblement mal à l'aise, j'étais angoissé, et ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça devant un film.. Des réalisateurs dépensent des millions de dollars pour nous pondre des bouses qui reposent uniquement sur les jumpscares.. Et ici, un petit inconnu avec un tout petit budget nous pond un film capable d'angoisser presque non stop pendant un peu plus d'une heure. Grâce au talent.
Le film prévient dès l'introduction : "Ce film contient des images convulsives et hallucinées".. Convulsives, oui. Il y en a des images convulsives. Mais elles sont d'une maîtrise indiscutable.. Et idéalement mélangées à une esthétique remarquable. L'usage du noir et blanc peut sembler louche au premier abord, mais elle aide à créer l'ambiance glauque de ce film, qui deviendra de plus en plus glauque au fil de la descente aux enfers.. Et alors, la gestion du son ! Que ça soit les chuchotements (en français, surprenant), les chansons (également en français, toujours aussi surprenant) ou même les musiques, la gestion du son est impeccable et contribue grandement à cette ambiance glauque. C'est d'ailleurs principalement l'aspect sonore du film qui m'a autant mis mal à l'aise. Certains plans sont d'une finesse étonnante. La réalisation est sobre et paradoxalement originale en même temps, ce qui rend le tout terriblement efficace, à l'image de Kubrick et, par exemple, son fameux Shining (le choix de cette comparaison n'est pas forcément dû au hasard).


L'actrice principale de ce film, Lauren Ashley Carter, est absolument remarquable. Elle m'a littéralement impressionné.. Elle est tantôt attirante, tantôt repoussante.. Tantôt charmante, tantôt inquiétante. Elle a su me charmer et me faire sacrément flipper dans le film, et ça c'est fort. Elle a un sacré niveau, et elle semble encore assez jeune, elle peut avoir un sacré avenir si elle accepte les bons rôles.
Dernier point positif : les effets "spéciaux".. Qui, en raison du budget, se résument à des maquillages, mais alors qui sont d'un réalisme toujours aussi étonnant. Il y a notamment une scène en particulier où le film devient réellement violent, et visuellement il n'a rien à envier aux plus grosses productions du cinéma d'horreur, les trucages sont géniaux et le réalisme est tel que le niveau de malaise y atteint peut-être son paroxysme.


J'ai du mal à comprendre la note moyenne pas très élevée.. Ceci dit, je peux comprendre que ça ne soit pas accessible à tout le monde. C'est un style très particulier, on peut facilement ne pas adhérer, puisque même si je l'ai trouvé parfait, ce film d'horreur repose principalement sur son ambiance.. Et forcément, quand ceci est l'atout majeur du film, si on n'entre pas dedans dès le départ (surtout pour un film aussi court), et qu'on est pas saisi par l'ambiance assez rapidement, on passe à côté de toutes les qualités du film. Pour ma part, j'ai eu la chance d'être chopé par le film d'entrée de jeu, et du coup j'ai littéralement les couilles qui claquaient de peur pendant 1H15.


Croyez-moi, ce n'est pas tous les jours que je mets 10/10 à un film. Mais là, je suis sous le charme, et je souhaite vraiment que ce film se fasse un peu plus connaître. C'est très spécial, ça n'a rien d'un film banal, c'est un style qui ne peut pas plaire à tout le monde (d'où la moyenne), mais certains comme moi peuvent adorer ce style, et je serai très content si je parviens à faire découvrir ce film ne serait-ce qu'à quelques personnes qui pourraient l'adorer. Pour les amateurs de films d'horreur indépendants.

papagubida

Écrit par

Critique lue 637 fois

4

D'autres avis sur Darling

Darling
Fatpooper
4

La porte de l'inconscient

Une influence de Kubrick assez évidente dis donc. Le scénario est décevant. On entre vite dans le vif du sujet (cette jeune femme qui devient concierge, manifestations étranges) mais ça devient vide...

le 9 mai 2016

3 j'aime

6

Darling
Voracinéphile
4

Maniac feat shining

Alors c'est joli, ce noir et blanc. Et ce cadrage 4:3 kubrickien. Et ces inserts subliminales sensées faire l'horreur des jumps scares. Et cette chambre fermée au bout du couloir. Et ces scènes où on...

le 20 avr. 2016

2 j'aime

Darling
Franck_Plissken
9

They made me to do it...

En voilà une bonne surprise! Darling ( étrange Lauren Ashley Carter, vue dans The Woman) est une jeune femme qui vient prendre la place de concierge, dans un bel immeuble de New York appartenant à...

le 19 avr. 2016

2 j'aime

2

Du même critique

Tomb Raider
papagubida
5

Le cul entre deux flèches

Tomb Raider et moi, c'est une grande histoire d'amour.. C'est l'un des premiers jeux vidéos auquel j'ai joué, j'ai joué à tous les épisodes sur console, sans exception. Y compris ceux de la "nouvelle...

le 18 mars 2018

40 j'aime

10

Love, Simon
papagubida
8

Pas un grand film, mais un film important

Je l'attendais de pied ferme ce film. J'écris de moins en moins de critiques. Celle-ci ne sera pas ma plus élaborée, je n'ai pas envie de partir dans des heures d'analyse, mais je me devais d'écrire...

le 26 juin 2018

33 j'aime

2

La Planète des singes - Suprématie
papagubida
9

De l'autre côté de la Reeves

En 2011 sortait "La planète des singes : Les origines" (aaaah, vive les traductions françaises) qui, malgré ce que laissait présager ce titre français hautement merdique, ne se contentait pas d'être...

le 1 août 2017

33 j'aime

6