Premier film hardcore pour une exploitation en salle et tourné au Japon, j'aurai aimé voir Daydream en une version censurée par des coupes franches. D'au moins 45min. Parce que là on bat des records de chiantise, à la barre déjà mise haut par L'Empire des sens quelques années auparavant. Évidement rien à voir, je les compare juste pour leur minimalisme narratif pourtant étiré à 1h50 et à budget important dans le cadre du cinérotique.


Dès le départ il est établi que nous sommes dans un fantasme, niant toute tension que crée un trouble sur les limites de la réalité et du rêve dans la fiction. En plus, ce sont les rêves mouillés d'un personnage qu'on a vu 30 secondes à l'écran pour lequel on n'a aucun attachement. Il s'installe chez le dentiste voit la jolie femme dans la chaise d'à-côté puis s'endort. On n'en à rien battre de ce falot alors imaginez ses élucubrations... Surtout que celles-ci sont des stéréotypes : une femme à sauver d'un mari vampirique. Et ces stéréotypes sont d'une molle banalité, allongée au lit ou pendue par une unique corde comme le moins imaginatif des premiers films SM (datant de 15 ans déjà).
Le tout dans des plans fixes, longs et à l'action lente.


Seule originalité, les surimpressions de gros plans du visage de l'actrice pour masquer sa vulve. Merci la censure, pour une fois, de soulager notre ennui en dynamisant (le mot est un peu fort) cette mise-en-scène plan-plan. J'ai eu le nez creux de bassement préférer une version HD à la vision de l'auteur présente dans une version VHS hollandaise de qualité merdique dite "non-censurée". L'intérêt de faire de l'onirisme aussi rigide m'échappe. Si Shūji Terayama m'emmerde tout autant, il a au moins le mérite de proposer un psychédélisme coloré avec un imaginaire marquant. Et même si j'ai souvent regardé ma montre, je ne t'oublie pas femme à barbe obèse qui jongle avec un nain et filmée par une caméra noyée sous cinq filtres couleurs. Là non, bien coiffée, Kyōko Aizome gémit sans bouger, surplombée par un méchant dentiste.


Au bout d'une heure le film évolue tout de même un peu et l'on réalise que ce cochon rêveur, non content de se croire prince charmant, objectifie ouvertement la femme : elle passe au lave-auto, sert de poupée horrifique dans un train fantôme et de mannequin au rayon vêtement d'un grand magasin. Cette posture déjà tarte à la crème pour du cinéma érotique s'accentue dans l'évidence grossière quand le jeune homme frustré la tue de rage : "C'était une salope". Bon alors déjà l'onirisme au rabais bof, mais si en plus la banalité va jusqu'à oraliser sa tentative de construction mystérieuse c'est le désastre, loin très loin des tensions labyrinthiques de chefs d'œuvre du genre.


Pour enfoncer le clou je me dois de raconter le final. Surprise, revenu dans la réalité le garçon choppe la fille, puis disparaît pour laisser la place à l'immortel et inéluctable dentiste/mari-vampire sur un carton ENDless.
Waouh ! Pas merci de m'avoir raconté ton rêve pas si mystérieux allongé dans un lit (!) et celui où t'oublies de mettre un pantalon pour aller au supermarché.

Homdepaille
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le 25 mars 2020

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