Daybreakers fait partie de ces films de vampire méconnus et potentiellement intéressants; se basant sur un concept scénaristique neuf (ou peu usé), de multiples opportunités de développement s'offrent à lui : ne lui reste plus qu'à choisir les bonnes pour convaincre et rester dans l'esprit d'un spectateur accoutumé aux films d'un genre en perdition.


Et si l'on pourra apprécier son casting, c'est que de grands noms s'y glissent; Ethan Hawke et Willem Dafoe tiennent la barre, bons comme à leur habitude. Notons le fait amusant que Dafoe interprétant un vampire, ne joue pas le rôle du méchant. Sam Neil se dressera face à eux, chef d'entreprise détestable dont le personnage, pas manichéen non plus, incarnera la figure du parfait méchant bourré de pognon.


En lien avec ce personnage, tout l'intrigue sociétale portera de grandes possibilités de développement : si le vampire ne se cache plus aux yeux des hommes et du soleil, c'est à l'homme de se dissimuler du vampire dans la nuit noire et le jour éclatant. Pourchassé, emprisonné, drainé de son sang, l'humain de Daybreakers fait songer à l'évolution des vampires de Blade Trinity, durant le court passage où hommes et femmes subissent le même sort. On pensera également au quatrième Underworld, parvenu deux années plus tard.


Le postulat était prometteur, mais l'on comprend rapidement que le film, non content de nous présenter une évolution de la société des plus captivantes, désire partir en sens inverse pour détruire la totalité de cette nouvelle organisation mondiale, cauchemar d'invasion monstrueuse malheureusement trop peu représenté au cinéma.


C'est effectivement là que le film déçoit : la seconde partie, celle où Dafoe amène la solution à tout ce bordel, part dans une direction naïve et banale qui annihile complètement l'originalité du plot de base. On se retrouve avec une intrigue classique d'invasion/antidote des moins passionnantes, rébarbative et peu novatrice.


Même l'esthétique baisse d'un cran, quittant l'atmosphère futuriste poisseuse de la grande ville pour épouser une ambiance chaude et limitée dans ses couleurs qui marque surtout par l'ultra-présence du soleil. Dommage s'il en est, tant le combat final, de retour en ville, retrouvera les marques de sa première heure et remplira les yeux d'images marquantes, largement tirées du Blade de Del Toro (l'on attendrait presque que Nomak se ramène en hurlant, la gueule prête à souiller du cou de vampire) mais tout de même très iconiques.


La conclusion, intéressante, relèvera quelque peu le niveau de son second acte mou du genou, et le fera principalement par un combat ultra-violent entre soldats filmé avec soin et sombreur, empli de violence et de ralenti pour bien que l'on puisse observer ce tableau peu ragoûtant. Ironie du sort ou simple constat de l'emprise de l'homme sur une autre espèce, mais le vampire tombera si bas qu'il en deviendra humain, à se battre avec ses semblables pour un bout de viande, à faire couler sang et tripes pour son bénéfice personnel.


Beaucoup d'idées intéressantes jamais vraiment développées font de ce Daybreakers un potentiel gâché par une volonté d'en faire un divertissement plus qu'un film d'anticipation profondément noir, glauque et pessimiste, qui aurait pu, à la manière de La Planète des Singes, mêler habillement prisme d'une société fondée sur l'ancienne humanité et en faire une critique sur le monde actuel des plus assassines; l'on se retrouvera donc avec un film en demi-teinte, divertissement qui ne change guère d'un Underworld ou d'un Blade.

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le 4 juin 2018

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FloBerne

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