S’il fallait trouver une vertu au long métrage de Gabriel Le Bomin, ce serait d’incarner l’incapacité de notre époque à se saisir d’une figure mythique pour la déconstruire et la raccorder à son humanité fondamentale voire – risquons le mot – banale. De Gaulle est à ce point intouchable que le cinéma n’est d’aucune utilité, sinon pour illustrer en images et en mots une année de sa vie. Aucun parti pris narratif, esthétique ou historique ne gouverne l’ensemble, si bien que s’active péniblement devant nos yeux une galerie de modèles et d’anti-modèles comme un élève de lycée fait défiler les pages consacrées à la Seconde Guerre dans son manuel d’Histoire. Certains défendront la valeur pédagogique du film. À juste titre, puisqu’il offre une bonne alternative aux longues pages encyclopédiques consacrées au sujet. Mais du point de vue de la qualité artistique, c’est le néant intégral, ce qui a le mérite d’accentuer la puissance de mise en scène d’une œuvre comme J’Accuse qui, sortie quelques mois auparavant et en dépit de ses défauts intrinsèques, prenait le risque de faire du cinéma à partir d’un sujet historique jusqu’alors peu voire pas traité du tout. Voilà donc un film prisonnier sur le libérateur de la France. Voilà donc un film ampoulé et vieillot sur un mythe qui continue aujourd’hui de fasciner. Paradoxal, non ? Seul vaut, finalement, le contrepoint familial d’abord champêtre qui devient exode où nous suivons la guerre depuis une focalisation intéressante, à mi-chemin du peuple et du grand homme. Ainsi que ses deux acteurs en tête d’affiche, Isabelle Carré et Lambert Wilson.

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le 5 juil. 2020

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