"Dead Man" est bien un voyage, mais un voyage circulaire, sans départ ni arrivée (ou alors dans les limbes...), à la fois étrangement opaque et magnifiquement charnel : un voyage mystique et intense - un "trip" à l'acide -, à rebours des conventions du western, tournant le dos à un héroïsme sécurisant. C’est toute l’Amérique, brutale et impulsive, qu’observe Jarmusch dans cette fable sur l’effondrement, ce retour à une campagne primitive, où se cramponne une poignée de brigands. Des images hallucinées et magnifiques de Robbie Müller, une musique (signée et interprétée par Neil Young) absolument hantée, un humour désespéré qui vient heureusement alléger ce long "trip" apocalyptique et absurde, "Dead Man" est un grand film, qui gagne en tous cas à être vu et revu, pour goûter le charme de cette œuvre sans réel enjeu dramatique, puisque la mort n'y est pas brutale, subite, mais progressive... Un film oscillant entre désespoir et résignation pragmatique, qui se vit comme une longue crise de somnambulisme, parfois douloureuse, mais toujours étonnante... [Critique écrite en 1999]

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le 8 févr. 2017

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Eric BBYoda

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