Dead Space : Downfall
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Dead Space : Downfall

Long-métrage d'animation de Chuck Patton (2008)

Quand un jeu vidéo connait le succès à sa sortie, il n’est pas rare que celui-ci donne naissance à divers produits dérivés. Le dernier exemple en date étant Assassin’s Creed, qui a vu naître une série de quelques livres. Bien entendu, le cinéma est l’un des premiers milieux culturels à vouloir surfer sur le succès d’un bon titre (Resident Evil, Prince of Persia, Silent Hill…). Parfois, il arrive même que de « petits longs-métrages » voient le jour, sortant dans l’indifférence la plus totale, n’ayant que pour seul but d’accompagner la sortie d’un de ces hits de console (l’exemple le plus récent en date étant la mini-série Halo : Nightfall). Un effet marketing qui s’est appliqué à Dead Space, véritable objet vidéoludique qui a fait frissonner bon nombre de joueurs par son ambiance diablement angoissante, et qui s’est donc vu complété avec ce film d’animation, sous-titré Downfall.

Que s’est-il passé à bord du vaisseau USG Ishimura, lieu d’action du jeu vidéo ? Comment les nécromorphes, ces immondes créatures assoiffées de sang, ont-elles pu décimer tout l’équipage ? Dead Space : Downfall répond à cette question, se présentant comme étant le prequel du jeu vidéo, dont le but est de faire des révélations et expliquer les origines de ce qui se déroule dans l’oeuvre de base. Le prequel doit donc apporter quelque chose à cette histoire qui a séduit bon nombre de gamers. Et même s’il peut se montrer dispensable sur le papier, il se doit de donner quelques informations supplémentaires qui peuvent combler les fans en question. Avec Dead Space : Downfall, vous pourrez voir qu’un prequel qui n’arrive pas à atteindre cet objectif n’est qu’un prequel simplement loupé. Vous pensiez en découvrir plus avec ce film d’animation ? Passez votre chemin, vous serez grandement déçus ! Et pour cause, Downfall ne fait que reprendre les quelques trames déjà évoquées dans le jeu (via des enregistrements vidéos, des personnages, des cinématiques…) sans donner le moindre supplément scénaristique digne de ce nom. Plus commercial, tu meurs !

Et si ce n’était que ça… mais même le scénario en lui-même, qu’il apporte ou non quelque chose au produit de base, se montre très mal écrit. Il suffit de voir le début du film, tout aussi brouillon que le premier jet d’un script : tout est narré rapidement (pour ne pas dire n’importe comment), à tel point que le spectateur risque de se perdre dans un gloubi-boulga d’ellipses à outrance qui cherche à lever le voile sur le mystère du fameux monolithe sans jamais y arriver. Une incroyable perte de temps accumulant les personnages sans aucune saveur qui ne servent alors que de chair à canon au service d’une trame jouant à fond la carte du suspense alors que le final est connu d’avance, surtout par les fans du jeu.

Au final, Downfall se présente comme un simple survivor, rien de plus. Une sorte de film d’horreur à la Resident Evil dans lequel le spectateur suit un groupe de personnages nullement travaillés, auxquels il est donc difficile de s’attacher ne serai-ce qu’un minimum. Il est vrai que le film ne dure que 1h13, ce qui complique le travail d’écriture, mais ce n’est pas une raison pour expliquer ce manque d’âme qui parasite Downfall de bout en bout. Dès que l’infection commence, l’ensemble se laisse suivre sans réfléchir, ce qui permettra aux moins difficiles de passer le temps et ce malgré des invraisemblances à s’en arracher les cheveux (comme des protagonistes qui disparaissent de l’histoire sans laisser de traces).

Après, il faut reconnaître que ce film d’animation reste assez fidèle au produit originel, notamment en ce qui concerne le bestiaire des nécromorphe et tout ce qui touche l’univers du jeu vidéo (costumes, décors, accessoires, côté gore…). Malheureusement, tout est gâché par le parti pris d’avoir fait ce film en animation, qui plus est avec le visuel d’une vieille série animée digne des années 80-90 comme Denver le dernier dinosaure ou encore Men in Black. Un parti pris justifié par un budget vraiment limité mais qui, du coup, donne un aspect enfantin à l’ensemble, faisant perdre toute l’ambiance horrifique et angoissante du jeu originel. D’autant plus qu’à aucun moment le dégoût exprimé lors de chaque séquence gore du jeu ne refait ici surface, le spectateur étant bien trop occupé à observer les erreurs d’animation flagrantes comme un problème de proportion (un personnage pouvant être plus imposant d’un à un autre sans avoir changer de décor). Même avec peu de moyens, un film live aurait sans doute été mieux pour le bien-être de ce long-métrage.

Procédé marketing qui a eu autant d’impact qu’un coup d’épée dans l’eau, Dead Space : Downfall fait honte au jeu de base, comme la majorité des longs-métrages adaptés du domaine vidéoludique. Et même s’il était prédestiné à être de mauvaise qualité, rien ne l’empêchait d’offrir des réponses aux fans du jeu, ce qu’il ne fait nullement, à leur plus grande déception. Même les deux Resident Evil en animation (Degeneration et Damnation) était de bien meilleure qualité, allant jusqu’à surpasser les films avec Milla Jovovich. Deux exemples qui montrent que Dead Space : Downfall aurait pu être bien plus que ce ratage intégral.

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