La facétieux Wade Wilson apprend avec stupeur qu’il est atteint d’un cancer alors qu’il vit le parfait amour. Il répond alors aux proposition d’un mystérieux type en costard qui promet de le soigner de sa maladie en contrepartie de le transformer en surhomme. Wilson accepte et subit les pires tortures pour que son organisme mute, au point d’être défiguré. Il amorce alors une vengeance contre l’homme qui l’a transformé.


Suffisamment lucratif pour devenir un genre à part entière ces dernières années, les films de super-héros n’en finissent pas de sortir malgré les échecs critiques de la plupart d’entre eux, hantés par une action débridée et sensationnaliste pour reproduire à la chaine l’immensité de l’univers comics. Même les personnages les plus improbables des bestiaires Marvel et DC ont le droit à leur adaptation (Ant-Man dernièrement) dont on ose attendre encore une once d’originalité malgré les bouses plus ou moins formelles qui nous sont servies. L’année 2016 commence avec Deadpool, personnage culte parmi les lecteurs avertis de comics qui rêvaient de voir cet anti super-héros balancer des blagues salaces et sauver le monde avec un maximum de dérision.


Deadpool est donc avant tout un objet geek dans le sens où il parlera davantage à ceux qui le connaissaient auparavant. La campagne de communication virale a néanmoins fait un travail considérable ces derniers mois, suffisamment pour agiter la curiosité du plus grand nombre. Derrière le masque se cache Ryan Reynolds, acteur looser malgré lui, qui comptait depuis longtemps endosser honorablement autre chose que le costume vert de Green Lantern. Moins conventionnel et plus débridé, le cahier des charges Deadpool donne une véritable identité au film qui s’amuse à parodier les habituels super-héros en faisant également de nombreuses références à la culture populaire. Un second degré qui n’hésite pas à se moquer des innombrables adaptations de X-Men ou des caractéristiques typiques des personnages propres à l’univers des comics. Cela donne une proximité évidente entre le héros et son public auquel il s’adresse directement à maintes reprises.


Pour cela, il faut bien dire que Deadpool ne fait pas la finesse. Les blagues sont constantes et tombent facilement dans le vulgaire même s’il faudra sans doute plus que l’énonciation d’une « branlette » pour choquer. Souvent en dessous de la ceinture, il y a parfois de quoi faire la moue tant les répliques triviales s’enchainent mais étonnamment… fonctionnent ! Car oui, il faut bien dire que cette ambiance parodique casse de nombreux archétypes et elle arrive à ne pas s’essouffler durant toute la durée du film. Pourtant, dans le fond, Deadpool n’invente rien et propose même un scénario d’une banalité accablante. La traduction des origines du personnage principal passe encore une fois par une énième mutation, la création de son costume et des motivations extrêmement primaires : trouver le chirurgien qui a fait de lui une goule pour le forcer à lui rendre son apparence. Un charcutier nommé Francis dont on cherche encore les griefs dans la vie, si ce n’est d’être le docteur Frankenstein. Les quelques allers-retours dans le temps évitent le totale linéarité d’un récit indéniablement plat. Pourtant, il y aurait pu avoir quelques chose dans l’amour qui unie Deadpool à sa petite amie car le ton laisse supposer durant un certain moment qu’il ne sera pas seulement celui de l’humour potache. Entre deux, ca bastonne pas mal dans des scènes d’action sommes toutes réussies qui utilisent habilement le bullet time pour mettre en scène des mouvement badass. Exemple lorsque Deadpool enchaine les victimes avec un nombre de balles limité qu’il compte à chaque détonation, un des grands moments du film.


Aussi sympathique soit il, ne nous voilons pas la face, Deadpool n’a rien d’un contre pouvoir acerbe face à la dictature des blockbusters en slip rouge. Parfaitement intégré à une stratégie qui vise à étendre le plus possible l’univers Marvel au cinoche, le film détourne davantage qu’il ne provoque ou même ne fait réfléchir (mais là, il ne faut pas rêver). Vraisemblablement proche de l’œuvre originale, il n’en fallait pas plus pour redonner du baume au cœur à un genre qui sera usé jusqu’à la corde pour au moins les cinq prochaines années. Finalement drôle, divertissant et franchement agréable (n’ayons pas honte), on se dit que 25 millions de dollars suffisent à rendre un rôle de Ryan Reynolds digeste. Comme quoi pour certains, ce sera vraiment branlette ce soir.

ZéroZéroCed
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le 13 sept. 2016

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