Quand les films pseudo-rebelles se montrent les plus conformistes

Il faut voir Deadpool pour mesurer dans quel tréfond l’industrie hollywoodienne se situe. Pour recycler une culture populaire déchue (celle des jeunes ados de 10 à 15 ans qui ne jurent plus que par les séries ou les jeux vidéo, s’entend), il faut avoir l’air un peu rebelle, non pardon, badass ou kickass ou quelquechose-ass. Il faut avoir l’air de briser deux-trois tabous qui n’en sont plus : donc on va faire l’apologie de la torture (mais non, c’est pour rigoler, c’est comme dans SinCity, non mais franchement, faut pas s’arrêter à ça, quand même!), on va faire quelques blagues scato, sexo (ups, là c’est beaucoup plus gentil, c’est qu’il y a résurgence du religieux aux States, quand même), on va même se foutre de Sinead O’Connor (ça fait foutage de gueule de people, genre, tendance), et puis surtout on va faire proche des gens : le superhéros en question il est trop comme le geek prépubère dans sa chambre. Tabou suprême, même que le superhéros se branle, waouh ! Et puis dès le générique on annonce la couleur : il y aura donc une meuf trop bonne, un méchant anglais, une ado lunatique, un personnage numérique, un caméo gratuit… c’est d’un moderne !

J’ai regardé parce qu’on m’a dit que les dialogues étaient travaillés. Mais faut pas s’attendre à du Audiard, quand même, hein ? Il ne s’agit que de quelques taglines qui tuent (enfin, qui sont censées…) Bref, tout le film se laisse à peine regarder et il se montre d’un conformisme assez consternant.